Volkswagen réduit ses prévisions de bénéfices 2024
Volkswagen réduit ses prévisions de bénéfices pour 2024 suite à une baisse de la demande, confronté à la concurrence chinoise et un environnement économique difficile.
Volkswagen, le plus grand constructeur automobile européen, a abaissé ses prévisions de bénéfices pour 2024, marquant la deuxième révision en seulement trois mois. Cette révision est due à un environnement économique difficile, une baisse des ventes en Europe et une concurrence accrue des marques chinoises, qui proposent des véhicules électriques à des prix inférieurs. En réponse, Volkswagen envisage de fermer des usines en Allemagne pour la première fois de son histoire. Cette situation reflète un contexte plus large dans l’industrie automobile allemande, où la demande pour les véhicules électriques a chuté suite à la fin des subventions.
Volkswagen face à un environnement économique difficile
Volkswagen, acteur majeur de l’industrie automobile européenne, fait face à des défis sans précédent. L’entreprise a récemment abaissé ses prévisions de marge opérationnelle pour 2024 à 5,6 %, contre une fourchette initiale de 6,5 % à 7 %. Cette révision fait suite à une première baisse des prévisions en juillet, lorsque le constructeur avait dû assumer les coûts de fermeture d’une usine Audi en Belgique. Cette situation reflète un marché de l’automobile en déclin, particulièrement en Europe, où la demande de véhicules, en particulier électriques, est en baisse.
Le marché automobile européen est confronté à une baisse de la demande due à une détérioration de l’environnement macroéconomique, qui a exacerbé les difficultés du secteur. Volkswagen, historiquement résilient face aux crises, envisage pour la première fois en 87 ans de fermer des usines en Allemagne. La situation devient critique pour le constructeur allemand, qui doit aussi composer avec une concurrence féroce des constructeurs chinois, qui proposent des véhicules électriques à des prix plus compétitifs.
La situation de Volkswagen reflète les tendances observées dans le secteur automobile mondial, où la croissance des ventes de véhicules électriques a ralenti. En Europe, les nouvelles immatriculations de véhicules électriques ont chuté de 44 % en août 2024 par rapport à l’année précédente, et l’Allemagne a enregistré une baisse de 69 % des ventes. Ces chiffres montrent une désaffection des consommateurs pour les véhicules électriques, aggravée par la suppression des subventions pour ces derniers à la fin de l’année dernière.
L’impact de la concurrence chinoise sur l’industrie automobile allemande
La montée en puissance des marques chinoises sur le marché européen est l’une des causes majeures des difficultés de Volkswagen et des autres constructeurs allemands. Des marques comme BYD et Nio proposent des véhicules électriques à des prix inférieurs à ceux des constructeurs européens, avec des modèles de qualité équivalente. Par exemple, le modèle BYD Dolphin est proposé à environ 22 000 €, un prix qui met une pression concurrentielle énorme sur des marques comme Volkswagen, qui peine à proposer des véhicules à des prix aussi bas. Cette situation est d’autant plus complexe que la production de batteries, composant clé des véhicules électriques, reste dominée par la Chine, ce qui crée une dépendance stratégique pour l’Europe.
Les effets de cette concurrence se manifestent également dans les décisions des autres constructeurs allemands. Par exemple, Mercedes-Benz a récemment revu à la baisse ses prévisions de bénéfices pour 2024, principalement en raison d’une baisse des ventes sur le marché chinois, le plus grand marché automobile au monde. De même, BMW a dû revoir ses perspectives annuelles après avoir mis de côté des provisions pour des défauts de systèmes de freinage, tout en faisant face à une demande plus faible en Chine.
Les conséquences sociales des décisions de Volkswagen
L’annonce par Volkswagen d’une possible fermeture d’usines en Allemagne est un tournant majeur pour le constructeur. Avec une histoire de près de neuf décennies, Volkswagen n’avait jamais envisagé une telle mesure en Allemagne, son marché domestique. La fermeture potentielle de deux ou trois usines pourrait entraîner la suppression de 15 000 emplois, selon des estimations de l’analyste Philippe Houchois. Cette décision n’affecterait pas seulement l’Allemagne, mais pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement automobile européenne.
Le contexte social en Allemagne est déjà tendu. Le syndicat IG Metall a entamé des négociations salariales avec Volkswagen, réclamant une augmentation de 7 % des salaires pour les employés. Si aucun accord n’est trouvé, des grèves pourraient éclater à partir de décembre dans les usines allemandes du groupe, aggravant encore la situation. Ce risque social, combiné aux difficultés économiques du secteur, pourrait avoir un impact considérable sur l’industrie automobile allemande, l’un des piliers de l’économie du pays.
Réactions et mesures pour inverser la tendance
Face à cette crise, des discussions sont en cours au sein du gouvernement allemand pour stimuler la demande de véhicules électriques, notamment par de nouveaux incitatifs fiscaux. Berlin envisage de réintroduire des subventions pour les véhicules électriques, un outil qui avait permis de soutenir les ventes au cours des dernières années. Cependant, la baisse des ventes d’août montre que ces mesures doivent être repensées pour être plus efficaces à long terme.
Dans le même temps, les constructeurs automobiles, y compris Volkswagen, investissent massivement dans des technologies de véhicules plus économes en énergie et dans la production de batteries en Europe. L’initiative European Battery Alliance, par exemple, vise à réduire la dépendance du continent à l’égard des importations chinoises. Toutefois, ces efforts nécessiteront du temps et des investissements substantiels pour atteindre les objectifs fixés.
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