Volkswagen réduit sa production de véhicules électriques de moitié
Volkswagen annonce une réduction de moitié de sa capacité de production de véhicules électriques en Allemagne, affectant des usines comme celle de Zwickau, et alimentant l’incertitude parmi les employés.
Volkswagen, le principal constructeur automobile européen, a décidé de réduire de moitié sa capacité de production de véhicules électriques en Allemagne, passant de près de 1,5 million à 750 000 unités par an. Cette décision, issue d’un accord avec le puissant syndicat IG Metall, vise à éviter les licenciements jusqu’en 2030, mais laisse des usines comme celle de Zwickau en concurrence pour de futurs investissements. Cette réduction intervient dans un contexte de baisse des livraisons de véhicules électriques en Europe et de concurrence accrue des fabricants chinois. Les conséquences économiques et sociales de cette restructuration suscitent des inquiétudes, notamment en Saxe, où l’usine de Zwickau est un employeur majeur.
La réduction de la production de véhicules électriques en Allemagne
En décembre 2024, Volkswagen a conclu un accord avec le syndicat IG Metall pour réduire de moitié sa capacité de production de véhicules électriques en Allemagne, la faisant passer de près de 1,5 million à 750 000 unités par an. Cette décision vise à adapter la production à la demande actuelle et à améliorer la compétitivité des usines allemandes. L’accord garantit l’absence de licenciements jusqu’en 2030, mais impose des réductions de coûts significatives. Par exemple, les usines de Zwickau et de Dresde, en Saxe, devront réduire leurs coûts d’environ 20 % pour rester compétitives et attirer de futurs investissements. Cette situation crée une incertitude pour les employés, qui craignent pour la pérennité de leurs emplois au-delà de 2030.

Les facteurs économiques influençant la décision de Volkswagen
Plusieurs facteurs économiques ont conduit Volkswagen à cette décision. Les livraisons du constructeur en Europe ont atteint 3,8 millions de véhicules en 2024, soit une baisse de près d’un million par rapport à 2019. Cette diminution est en partie due à un intérêt mitigé pour la gamme de véhicules électriques de Volkswagen. De plus, la concurrence des fabricants chinois de véhicules électriques, qui proposent des modèles à des prix plus compétitifs, exerce une pression supplémentaire sur le marché européen. David Powels, directeur financier de la marque Volkswagen, a souligné que le marché européen n’est plus en croissance et pourrait stagner à l’avenir. Il a également noté que les nouveaux acteurs chinois disposent d’une base de coûts inférieure et d’une productivité plus élevée, ce qui renforce leur compétitivité.
Les conséquences sociales et politiques en Saxe
La réduction de la production de véhicules électriques a des répercussions importantes en Saxe, notamment à Zwickau, où Volkswagen est un employeur majeur. La région a déjà connu une montée du soutien au parti Alternative für Deutschland (AfD), qui critique la transition vers les véhicules électriques. Lors des élections régionales de l’année précédente, l’AfD est devenue le plus grand parti à Zwickau. La réduction de la production et l’incertitude économique qui en découle pourraient exacerber les tensions sociales et politiques dans la région. Les employés de l’usine de Zwickau expriment leur inquiétude quant à l’avenir, d’autant plus que certains modèles actuellement produits à Zwickau seront transférés à l’usine de Wolfsburg à partir de 2027, laissant Zwickau avec la seule production de l’Audi Q4 e-tron.
Les stratégies de réduction des coûts et leur impact sur l’emploi
Pour améliorer sa compétitivité, Volkswagen prévoit de réaliser des économies de 4 milliards d’euros d’ici 2030. Ces mesures incluent la suppression de 35 000 postes en Allemagne par le biais de départs volontaires, de préretraites et d’attrition naturelle. L’accord avec IG Metall prévoit également un gel des augmentations salariales pour les deux prochaines années, suivi de hausses salariales entre 2027 et 2030 destinées à soutenir les plans de départs volontaires. Ces mesures visent à réduire les coûts fixes et à améliorer la rentabilité de la marque Volkswagen, dont la marge opérationnelle est tombée à 2 % sur les neuf premiers mois de 2024, contre 3,8 % l’année précédente. Cependant, ces stratégies suscitent des inquiétudes quant à leur impact sur l’emploi et le pouvoir d’achat des salariés.
Les défis de la transition vers les véhicules électriques
La transition vers les véhicules électriques représente un défi majeur pour Volkswagen et l’industrie automobile européenne. Bien que Volkswagen ait investi massivement dans le développement de véhicules électriques, la demande en Europe reste inférieure aux attentes. En Allemagne, les véhicules électriques ne représentaient que 2,9 % des ventes totales en 2024. Cette adoption plus lente que prévu, combinée à la concurrence accrue des fabricants chinois, oblige Volkswagen à réévaluer sa stratégie et à adapter sa capacité de production. La fermeture prévue de certaines usines, comme celle de Dresde après 2025 et d’Osnabrück après 2027, illustre les défis auxquels le constructeur est confronté pour aligner sa production sur la demande du marché.
Perspectives d’avenir pour Volkswagen et l’industrie automobile allemande
La décision de Volkswagen de réduire sa production de véhicules électriques en Allemagne reflète les défis plus larges auxquels est confrontée l’industrie automobile allemande. La nécessité d’améliorer la compétitivité, de réduire les coûts et de s’adapter à un marché en évolution rapide est cruciale pour assurer la pérennité de l’industrie. Les investissements dans de nouvelles technologies, l’optimisation des processus de production et la collaboration avec les syndicats seront essentiels pour naviguer dans cette période de transition. Pour les employés et les régions dépendantes de l’industrie automobile, l’incertitude demeure, mais des initiatives telles que la reconversion des usines pour de nouvelles utilisations, comme le recyclage automobile, pourraient offrir des alternatives pour maintenir l’emploi et la stabilité économique locale.
L’impact de la concurrence chinoise et des coûts de production
Le secteur des véhicules électriques est marqué par une concurrence accrue des fabricants chinois, qui bénéficient de coûts de production plus bas et d’une chaîne d’approvisionnement optimisée. Des entreprises comme BYD et Nio proposent des modèles compétitifs à des prix inférieurs à ceux de Volkswagen, ce qui exerce une pression économique sur les constructeurs européens.
En Chine, les coûts de production d’un véhicule électrique sont en moyenne 30 % inférieurs à ceux en Allemagne, notamment grâce à des coûts salariaux plus faibles et une intégration verticale des fournisseurs. Par exemple, BYD produit ses propres batteries, alors que Volkswagen dépend encore de fournisseurs tiers comme LG Chem et CATL. Cette dépendance augmente les coûts de fabrication et ralentit le déploiement de modèles plus abordables.
Dans un contexte où le prix des matières premières comme le lithium et le cobalt fluctue fortement, Volkswagen doit revoir sa stratégie industrielle pour gagner en compétitivité. La marque a d’ailleurs annoncé vouloir réduire ses coûts fixes de 20 % d’ici 2026 pour faire face à cette pression concurrentielle. Toutefois, la fermeture d’usines ou la réduction de production pourrait entraîner une dépendance accrue à l’importation, fragilisant encore davantage l’industrie automobile allemande.

La question des incitations gouvernementales et des politiques européennes
La transition vers les véhicules électriques en Europe repose en grande partie sur les subventions et incitations gouvernementales. Or, plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, ont réduit leurs aides à l’achat en raison de contraintes budgétaires. En 2023, Berlin a supprimé les subventions pour les entreprises achetant des véhicules électriques, réduisant ainsi la demande et affectant directement les ventes de Volkswagen et d’autres constructeurs.
L’Union européenne prévoit néanmoins des investissements dans les infrastructures de recharge pour accélérer l’adoption des véhicules électriques. En Allemagne, environ 100 000 bornes de recharge étaient installées en 2024, mais le gouvernement vise un objectif de 1 million d’ici 2030. L’absence d’un réseau de recharge rapide suffisant constitue un frein à l’expansion du marché, en particulier pour les consommateurs hésitant à adopter un véhicule électrique.
Les politiques environnementales européennes imposent également des contraintes aux constructeurs. Les normes d’émissions CO₂ de l’UE, qui prévoient une réduction de 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2021, obligent les marques à accélérer leur transition énergétique. Volkswagen, qui investit dans la production de batteries en Europe, doit jongler entre l’impératif écologique et la rentabilité économique.
Quelles solutions pour Volkswagen face à la crise du véhicule électrique ?
Face à ces défis, Volkswagen explore plusieurs pistes pour stabiliser ses ventes et améliorer sa compétitivité :
- Optimisation des coûts de production : en réduisant les coûts fixes et en rationalisant ses usines, l’entreprise espère améliorer ses marges et proposer des modèles plus accessibles.
- Investissement dans la technologie des batteries : Volkswagen développe actuellement ses propres cellules de batteries en Europe pour limiter sa dépendance aux fournisseurs asiatiques et réduire ses coûts de production.
- Diversification de son offre : le constructeur pourrait accélérer le développement de véhicules hybrides rechargeables, une solution intermédiaire appréciée sur certains marchés, notamment en Allemagne et en France.
- Renforcement des capacités industrielles en dehors de l’Europe : Volkswagen investit en Chine et aux États-Unis, où la demande pour les véhicules électriques est plus soutenue. Le groupe a récemment annoncé une nouvelle usine en Caroline du Sud, dédiée à la marque Scout, spécialisée dans les véhicules électriques tout-terrain.
- Collaboration avec des startups technologiques : pour rester à la pointe de l’innovation, Volkswagen pourrait s’associer à des entreprises spécialisées dans l’intelligence artificielle et l’automatisation afin d’améliorer ses systèmes de conduite autonome et d’assistance à la conduite.
Une industrie automobile européenne en mutation
La restructuration de Volkswagen reflète les transformations profondes du marché automobile en Europe et dans le monde. Entre concurrence chinoise, coûts de production élevés et incertitudes économiques, le constructeur doit adapter sa stratégie pour maintenir sa position de leader.
Si l’accord avec le syndicat IG Metall garantit l’emploi jusqu’en 2030, il ne règle pas la question fondamentale de la viabilité à long terme des usines allemandes. La réussite de Volkswagen dépendra de sa capacité à produire des véhicules électriques compétitifs, tout en s’adaptant aux réalités économiques et industrielles d’un marché en pleine mutation.
En définitive, la décision de réduire la production en Allemagne pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble du secteur automobile européen, obligeant les autres constructeurs à repenser leurs stratégies pour éviter un déclin industriel et préserver les emplois dans leurs usines locales.
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