Tesla en Europe : chute des ventes et défis croissants en 2025

En 2025, Tesla fait face à une baisse significative de ses ventes en Europe, confrontée à des controverses politiques et une concurrence accrue.

En février 2025, Tesla a enregistré une diminution de 40 % de ses ventes en Europe par rapport à l’année précédente, malgré une croissance de 26 % du marché des véhicules électriques. Cette baisse est attribuée aux prises de position politiques d’Elon Musk et à un portefeuille de produits vieillissant. Parallèlement, des concurrents comme BYD et BMW ont vu leurs ventes augmenter, accentuant la pression sur Tesla. Les conséquences incluent une perte de parts de marché et une nécessité pour Tesla de renouveler sa gamme et de restaurer son image.

Baisse significative des ventes de Tesla en Europe

En février 2025, Tesla a immatriculé 16 888 véhicules en Europe, contre 28 182 à la même période en 2024, soit une chute de 40,1 % en un an. Cette baisse est d’autant plus marquante que, dans le même temps, les immatriculations de véhicules 100 % électriques (BEV) ont progressé de 26 % sur le marché européen. En d’autres termes, Tesla perd du terrain sur un marché en expansion, ce qui suggère une déconnexion croissante entre l’offre de la marque et la demande régionale.

Le chiffre brut de 16 888 véhicules en février 2025 doit être mis en perspective. En février 2024, Tesla était l’un des leaders du segment électrique, avec une part de marché de 2,8 % dans les pays couverts par l’Acea (UE + Royaume-Uni + Norvège + Suisse + Islande + Liechtenstein). Un an plus tard, la part tombe à 1,8 %, ce qui équivaut à une perte de 1 point de part de marché en douze mois, soit une réduction de plus de 35 % en proportion.

Cette baisse se manifeste de manière accentuée dans les marchés-clés. En Allemagne, premier marché automobile européen, les immatriculations de Tesla ont chuté de 76 % par rapport à février 2024. En Norvège, pourtant très favorable aux véhicules électriques, la baisse atteint 48 %. En France, la baisse est de 26 %, malgré une politique nationale de subvention au véhicule propre. Ces pays concentrent une large part des ventes européennes de véhicules électriques, ce qui rend ces chutes particulièrement significatives.

Plusieurs éléments structurels doivent être soulignés :

• Le marché européen du BEV a enregistré 106 187 immatriculations en février 2025 contre 84 445 en février 2024, selon l’Acea. Cette dynamique confirme l’intérêt croissant des consommateurs pour les modèles électrifiés, mais Tesla n’en bénéficie pas.
• Des concurrents comme BYD, Volkswagen, BMW et Hyundai-Kia ont tous connu des hausses de leurs immatriculations électriques à deux chiffres sur la même période. Par exemple, BMW a augmenté ses ventes de véhicules électriques de 56 % en Europe en février 2025.
• Cette chute des ventes est survenue alors que le Model Y, modèle le plus vendu de la marque, représente plus de 60 % des immatriculations de Tesla en Europe. Son cycle de vie est arrivé à maturité, avec un ralentissement de la demande en l’attente d’une version restylée annoncée mais non encore commercialisée.

Cette situation n’est pas isolée au mois de février. En janvier 2025, les chiffres européens de Tesla étaient déjà en forte baisse, avec une tendance de -35 % sur un mois glissant, selon Jato Dynamics. La chute de février confirme une dynamique négative continue, et non un incident ponctuel.

Il faut également noter que Tesla ne publie plus ses chiffres mensuels par pays en Europe, ce qui oblige les analystes à reconstituer les données à partir des immatriculations nationales. Cette absence de transparence rend plus difficile la lecture précise de ses performances par segments ou par modèle.

La baisse des ventes européennes a un effet immédiat sur la rentabilité des activités régionales de Tesla. En effet, les marges sont plus compressées sur le marché européen, où les coûts logistiques (importation depuis la Gigafactory de Shanghai ou Berlin), les réglementations environnementales, et les exigences de service client sont élevés. Une baisse des volumes nuit donc directement à la capacité de la marque à maintenir sa rentabilité locale, d’autant plus que Tesla a opéré plusieurs baisses de prix en 2024, réduisant ses marges unitaires.

Enfin, la chute de la part de marché est aussi un indicateur d’alerte stratégique : sur un marché en pleine croissance, perdre du terrain équivaut à perdre une position concurrentielle, ce qui nécessite une réaction rapide tant sur les plans produit, marketing que logistique.

Impact des prises de position politiques d’Elon Musk

Les interventions d’Elon Musk dans la politique européenne, notamment son soutien au parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) lors des élections allemandes de février 2025, ont suscité des controverses. Ce soutien a entraîné des réactions négatives de la part de consommateurs et d’entreprises, certains appelant au boycott des produits Tesla. Cette situation a contribué à la diminution des ventes de la marque en Allemagne et dans d’autres pays européens.

Vieillissement de la gamme de produits et attentes des consommateurs

Le portefeuille de produits de Tesla, en particulier le Model Y, commence à montrer des signes de vieillissement. Les consommateurs attendent avec impatience la version améliorée du Model Y, dont la sortie est prévue pour cette année. Ce délai dans le renouvellement de la gamme a conduit certains clients potentiels à reporter leur achat, affectant ainsi les ventes actuelles.

Concurrence accrue des fabricants chinois

Des entreprises chinoises comme BYD et Polestar ont renforcé leur présence sur le marché européen des véhicules électriques. En février 2025, BYD a enregistré une augmentation de 94 % de ses ventes, atteignant 4 436 unités, tandis que Polestar a connu une hausse de 84 %, avec 2 405 unités vendues. Cette concurrence intensifie la pression sur Tesla, qui doit désormais rivaliser avec des offres diversifiées et souvent plus abordables.

Conséquences pour Tesla et perspectives d’avenir

La combinaison des controverses politiques, du vieillissement de la gamme de produits et de la concurrence accrue a entraîné une baisse de la valeur boursière de Tesla. Depuis mi-décembre, l’action de l’entreprise a perdu plus de 40 % de sa valeur. Elon Musk a exhorté les employés à conserver leurs actions, soulignant la volatilité actuelle du marché. Pour inverser cette tendance, Tesla devra non seulement accélérer le renouvellement de sa gamme, mais aussi restaurer son image auprès des consommateurs européens.

Stratégies potentielles pour redresser la situation

Pour surmonter ces défis, Tesla pourrait envisager plusieurs actions :

• Lancement accéléré de nouveaux modèles : Introduire rapidement des versions améliorées de ses véhicules, notamment le Model Y, pour répondre aux attentes des consommateurs.
• Révision de la communication d’entreprise : Adopter une approche plus neutre politiquement afin d’éviter les controverses susceptibles d’affecter l’image de la marque.
• Renforcement de la compétitivité prix : Proposer des options plus abordables ou des incitations financières pour concurrencer efficacement les marques chinoises émergentes.
• Amélioration du service après-vente : Offrir un service client de qualité supérieure pour fidéliser la clientèle existante et attirer de nouveaux clients.

En mettant en œuvre ces stratégies, Tesla pourrait espérer regagner des parts de marché en Europe et renforcer sa position face à une concurrence de plus en plus féroce.

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