Plymouth Fury de 1956

Analyse technique de la Plymouth Fury 1956 : conception, performances, comparaison, évolution, prix et verdict.

La Plymouth Fury 1956 : une étude technique détaillée

Lancée en 1956, la Plymouth Fury a marqué une tentative stratégique de Plymouth pour repositionner son image. Modèle conçu pour les amateurs de performances et d’allure sportive, la Fury s’est imposée comme une vitrine technologique au sein de la gamme Chrysler. Ce modèle introduit uniquement en version coupé deux portes combinait design affirmé, puissance notable, et finitions orientées vers le confort. Dans cet article, nous analysons de manière technique et détaillée la conception, les performances, la concurrence directe, l’évolution du modèle, les prix sur le marché de l’occasion, et un bilan objectif de cette voiture.

Plymouth Fury de 1956

Conception de la Plymouth Fury

La Plymouth Fury a été lancée en janvier 1956 comme modèle spécial de mi-série. Elle ne visait pas le volume, mais l’image. Plymouth, filiale du groupe Chrysler, cherchait à rajeunir son image et répondre aux offres de Ford avec ses Fairlane ou de Chevrolet avec la Bel Air.

La Fury reposait sur la plateforme des Plymouth Belvedere, avec un empattement de 2,921 mètres. Elle se distinguait esthétiquement par sa carrosserie deux portes hardtop, exclusivement en blanc « Eggshell White », associée à des inserts latéraux dorés en aluminium anodisé, une signature esthétique propre à la Fury première génération. L’avant intégrait une calandre horizontale élargie et des phares encastrés. La ligne arrière comportait des ailerons discrets, prémices du style des années 1957-1959.

Sous le capot, on trouvait un V8 « Hi-Fire » de 303 pouces cubes (4,965 cm³), développant 240 chevaux à 4 800 tr/min et 420 Nm de couple à 2 800 tr/min. Le rapport poids/puissance était d’environ 6,9 kg/ch, pour un poids total de 1 657 kg. Le moteur était couplé à une boîte manuelle à trois rapports, avec en option la transmission automatique PowerFlite à deux vitesses.

L’habitacle intégrait des finitions chromées, un tableau de bord complet avec instrumentation arrondie, et des sièges bicolores tissu-vinyle. La Fury était conçue pour une conduite à la fois confortable et performante sur autoroute.

Performances de la Plymouth Fury

Les performances étaient un point clé du cahier des charges. Avec son V8, la Fury atteignait 100 km/h en 9,3 secondes, ce qui la plaçait au niveau des sportives américaines de l’époque. La vitesse maximale atteignait 185 km/h, un chiffre élevé pour un véhicule de ce gabarit.

La tenue de route était assurée par une suspension avant indépendante à ressorts hélicoïdaux, et un essieu rigide arrière avec ressorts à lames. La Fury offrait une conduite stable en ligne droite, mais souffrait de roulis important dans les virages, typique des américaines à châssis séparé de l’époque.

Le freinage, assuré par quatre tambours, était performant à froid mais pouvait être sujet au fading après usage prolongé. La direction, non assistée, exigeait un effort conséquent à basse vitesse.

Le confort acoustique restait convenable, bien que le bruit du moteur se fasse entendre au-delà de 100 km/h. La voiture consommait environ 18 à 20 L/100 km en cycle mixte. L’autonomie dépassait rarement 350 km avec un réservoir de 68 litres. En termes de comportement, la Fury était pensée pour la croisière plutôt que pour une conduite dynamique soutenue.

Comparaison sur le marché

En 1956, plusieurs modèles concurrençaient la Plymouth Fury sur le segment des coupés puissants. La Chevrolet Bel Air V8, équipée du « Power Pack » de 4,3 litres, atteignait 205 ch et une vitesse de pointe de 170 km/h, pour une accélération de 0 à 100 km/h en 10,2 secondes. Moins puissante que la Fury, elle restait plus légère avec 1 520 kg.

La Ford Fairlane Victoria, avec son V8 de 4,5 litres (225 ch), proposait des performances similaires, bien qu’un peu en retrait sur la réponse à l’accélération. Le 0 à 100 km/h s’établissait autour de 10,5 secondes. La Fairlane proposait cependant un meilleur rapport prix/prestations à l’époque, ce qui a contribué à son succès commercial.

Plus haut de gamme, la Chrysler 300B offrait un HEMI V8 de 5,8 litres développant 355 chevaux. Le 0 à 100 km/h était abattu en 8,0 secondes. Mais la Chrysler coûtait environ 35 % plus cher que la Fury, la plaçant dans une autre catégorie.

La Fury se positionnait donc entre les modèles de grande série et les luxueuses sportives. Elle proposait une puissance supérieure à la moyenne, un design distinctif et des performances sur autoroute solides, tout en conservant une image moins statutaire que ses sœurs de chez Chrysler.

Plymouth Fury de 1956

Evolution de la Plymouth Fury dans le temps

Après 1956, la Fury est restée une version spécifique de la Belvedere jusqu’en 1958. Dès 1959, elle est devenue un modèle à part entière. La deuxième génération (1957-1958) a vu l’introduction du moteur V8 « Golden Commando » de 5,7 litres (290 ch), associé à des lignes encore plus anguleuses.

Dans les années 1960, la Fury a grandi en taille, s’installant progressivement comme une berline de grande série, s’éloignant de son positionnement sportif. En 1965, la gamme Fury a été scindée en Fury I, II, III et Sport Fury. Cette dernière reprenait l’esprit d’origine avec des blocs de 6,3 à 7,2 litres.

Dans les années 1970, le modèle perd en pertinence, victime de la crise pétrolière et du changement de politique industrielle chez Chrysler. La dernière Fury a été produite en 1978, sous forme de berline compacte.

Prix de l’occasion

Sur le marché actuel, une Plymouth Fury de 1956 en état « Concours » peut atteindre entre 55 000 et 70 000 euros, selon l’historique et la restauration. Un exemplaire en bon état mais non restauré est généralement proposé entre 30 000 et 40 000 euros. Les versions automatiques sont plus recherchées. Le coût d’entretien reste élevé, notamment en raison des pièces rares et de la consommation.

Verdict

La Plymouth Fury 1956 était une voiture techniquement cohérente, pensée pour séduire un public attiré par les performances sans verser dans l’excès des modèles premium. Elle proposait une puissance élevée pour l’époque, une ligne facilement identifiable, et une position intermédiaire entre les modèles d’entrée de gamme et les hauts de gamme.

Cependant, son châssis et ses freins étaient dépassés pour une conduite sportive réelle. Comparée à une Chrysler 300B, elle manquait d’efficacité. Face à une Chevrolet Bel Air, elle était plus puissante mais aussi plus lourde et gourmande. Son positionnement hybride entre sport et confort l’a parfois rendue difficile à cerner commercialement.

Aujourd’hui, la Fury de 1956 conserve un intérêt certain pour les collectionneurs américains. En revanche, pour un amateur européen à la recherche d’une voiture américaine des années 1950, une Chevrolet Bel Air 1957 ou une Chrysler Windsor peut offrir un meilleur compromis entre performances, disponibilité des pièces, confort et prix.

LES PLUS BELLES VOITURES, votre magazine voiture en toute indépendance.