McLaren F1: une pièce de collection qui ne roule plus
La tragique histoire de la McLaren F1 de 20 millions de dollars, conduite seulement 13 kilomètres par an
La McLaren F1 de 1995, avec moins de 400 kilomètres au compteur, incarne à la fois l’exclusivité et le paradoxe de la passion automobile. Depuis sa sortie de l’usine de Woking en Angleterre, cette voiture emblématique a passé près de trois décennies à accumuler en moyenne 13 kilomètres par an, soit une véritable « reine de garage ».
Une voiture de légende
Conçue par le génial designer Gordon Murray et soutenue par Ron Dennis, la McLaren F1 a bouleversé le monde de l’automobile à son entrée en production en 1992. Avec sa technologie issue de la Formule 1, elle s’est rapidement couronnée comme la voiture de série la plus rapide à moteur atmosphérique jamais construite. Ce véhicule semblait tout droit venu d’une autre planète, avec une technologie et un design révolutionnaires pour l’époque.
Fabriquée à partir de polymères renforcés de fibres de carbone, de magnésium et d’or, la McLaren F1 est une merveille de légèreté et de solidité. Lorsqu’elle a été mise sur le marché, elle était la voiture de production la plus chère jamais vendue, avec un prix de 815 000 dollars. Aujourd’hui, sa valeur a explosé en raison de son exclusivité et de son histoire unique. Seuls 64 exemplaires de production ont été fabriqués.
Un record inégalé
Le 31 mars 1998, le pilote professionnel Andy Wallace a établi un record mondial avec un prototype XP5 de la McLaren F1, atteignant une vitesse de 386,4 km/h sur la piste d’essai d’Ehra-Lessien en Allemagne. Ce record a surpassé celui de la Jaguar XJ220 modifiée, qui avait atteint 351 km/h en 1993. À ce jour, aucune autre voiture de série à moteur atmosphérique n’a pu battre ce record sans l’aide de l’induction forcée.
La McLaren F1 a également brillé sur les circuits de course. En 1995, lors de sa première année de compétition, la McLaren F1 GTR a dominé les 24 Heures du Mans, terminant première, troisième, quatrième, cinquième et treizième. Ces résultats ont laissé le monde du sport automobile en admiration.
Une pièce de collection rare
Les McLaren F1 se sont retrouvées entre les mains des collectionneurs les plus respectés. Le designer de mode Ralph Lauren, le comédien Jay Leno et le champion de Formule 1 Lewis Hamilton comptent parmi les heureux propriétaires. Jay Leno a même déclaré que la F1 était l’une des plus grandes voitures du XXe siècle.
Le châssis 029 de la McLaren F1 est particulièrement unique avec sa peinture Creighton Brown, un intérieur en cuir et Alcantara brun clair et brésilien. Cette voiture a parcouru moins de 400 kilomètres en trois décennies, ce qui en fait l’une des F1 les moins utilisées connues à ce jour. C’était la 25e F1 construite par McLaren et la dernière produite en 1994, livrée à un collectionneur japonais.
La vie d’un trésor mécanique
Après avoir passé la majeure partie de sa vie au Japon, cette McLaren F1 a été importée aux États-Unis en 2013, fédéralisée pour être utilisée sur route par JK Technologies. Elle a résidé en Pennsylvanie avant de déménager en Caroline du Nord avec son troisième propriétaire, qui l’a achetée en 2021.
Malgré sa légalité sur les routes américaines, la F1 reste essentiellement entreposée dans un garage. La crainte de diminuer sa valeur en ajoutant des kilomètres à son compteur, surtout avec une vitesse de pointe de 386 km/h, pousse le propriétaire à la garder immobile.
Une bête endormie
La McLaren F1 est propulsée par un moteur V12 de 6,1 litres produisant 618 chevaux (627 chevaux métriques) et 650 Newton mètres de couple. Cette puissance permet une accélération de 0 à 97 km/h en 3,2 secondes. Pourtant, ce moteur puissant n’a que rarement eu l’occasion de montrer ce dont il est capable.
Le modèle 029 est mis aux enchères par RM Sotheby’s lors d’une vente aux enchères scellée à New York du 13 au 16 mai. Estimée à 20 millions de dollars, cette vente reflète la rareté et l’attrait inégalé de ce véhicule. Les résultats de l’enchère restent confidentiels, mais on peut espérer que le prochain propriétaire permettra à cette F1 de prendre la route de temps en temps.
Un paradoxe de passion automobile
Cette histoire met en lumière le paradoxe des voitures de collection. Conçues pour être conduites, appréciées et admirées, certaines des voitures les plus spectaculaires du monde passent leur vie dans des garages, préservées pour leur valeur plutôt que pour leur performance. La McLaren F1 029 est l’exemple ultime de ce dilemme. Son faible kilométrage et son état impeccable en font une pièce de musée, mais on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine tristesse à l’idée que cette merveille d’ingénierie n’a pas eu l’opportunité de montrer pleinement ce dont elle est capable.
La McLaren F1 reste une icône de l’automobile, un témoignage de ce que l’innovation et la passion peuvent créer. Espérons que l’avenir réserve à cette voiture une chance de briller sur la route, là où elle a toujours été destinée à être.
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