L’UE rejette les offres des fabricants chinois de VE pour éviter des tarifs élevés

L’Union européenne refuse les ajustements tarifaires proposés par les fabricants chinois de véhicules électriques, menaçant des tarifs allant jusqu’à 50 %.

L’Union européenne a rejeté les propositions des fabricants chinois de véhicules électriques (VE) visant à ajuster leurs prix pour éviter de lourdes taxes douanières. Ces taxes, qui pourraient atteindre 50 %, ont été annoncées après une enquête de plusieurs mois menée par la Commission européenne pour contrer les subventions perçues sur les VE chinois. L’objectif de ces mesures est de protéger les fabricants européens face à une concurrence jugée déloyale. Cependant, cette décision a intensifié les tensions commerciales entre l’UE et la Chine, l’une des plus grandes économies mondiales. Le rejet des offres chinoises ouvre la voie à des négociations cruciales entre Bruxelles et Pékin.

Les tarifs sur les véhicules électriques chinois : un enjeu pour l’industrie européenne

L’UE envisage d’imposer des tarifs pouvant atteindre 50 % sur les véhicules électriques (VE) produits en Chine, accusés d’être subventionnés par le gouvernement chinois. Cette mesure a été introduite suite à une enquête menée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour protéger les fabricants européens de véhicules électriques qui peinent à rivaliser avec les prix bas des modèles chinois.

Ces tarifs visent à freiner l’importation massive de VE chinois à bas coût, accusés de fausser la concurrence en Europe. En 2022, environ 11 % des ventes de VE en Europe étaient des modèles chinois, et cette part de marché continue de croître. L’Union européenne cherche ainsi à soutenir ses propres industries dans la transition vers une économie décarbonée, tout en protégeant les emplois locaux. En effet, les entreprises comme Volkswagen ou Renault sont particulièrement vulnérables à cette concurrence, avec des coûts de production plus élevés en Europe.

Le prix moyen des véhicules électriques chinois est considérablement inférieur à celui des modèles européens, en partie grâce aux subventions massives offertes par le gouvernement chinois. Les prix des VE chinois se situent en moyenne à 30 000 €, contre 45 000 € pour les modèles européens comparables. Cette différence de prix rend la protection du marché intérieur essentielle pour éviter une perte de compétitivité des fabricants européens.

Rejet des offres chinoises : vers une intensification des tensions commerciales

Les offres des fabricants chinois de réduire leurs prix pour éviter les tarifs européens ont été rejetées par la Commission européenne. Les ajustements tarifaires proposés par plusieurs exportateurs chinois de VE n’ont pas été jugés suffisants pour éliminer les effets néfastes des subventions et n’offraient pas les garanties de surveillance nécessaires pour être acceptés.

La décision de l’UE de rejeter ces propositions accentue les tensions commerciales entre l’Europe et la Chine. Le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, a prévu de rencontrer le commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis, pour discuter de cette question et tenter d’éviter une guerre commerciale. Pékin considère les tarifs comme une forme de protectionnisme occidental et une menace pour les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.

D’un autre côté, les États membres de l’UE sont divisés sur cette question. Si certains pays, comme l’Allemagne et l’Espagne, commencent à repenser leur soutien à ces mesures, d’autres estiment que ces tarifs sont nécessaires pour protéger l’industrie locale. L’Allemagne, par exemple, qui dépend fortement de son secteur automobile, a fait pression pour modérer ces tarifs afin de ne pas nuire aux relations commerciales avec la Chine, qui reste un marché crucial pour les constructeurs européens.

L'UE rejette les offres des fabricants chinois de VE pour éviter des tarifs élevés

Impacts potentiels sur les relations commerciales sino-européennes

Le conflit sur les tarifs des VE chinois pourrait avoir des répercussions profondes sur les relations commerciales entre l’UE et la Chine. En réponse à l’enquête menée par Bruxelles, Pékin a ouvert des enquêtes pour anti-dumping sur plusieurs produits européens, notamment les produits laitiers, le cognac et la viande porcine. Ces actions montrent que la Chine est prête à répliquer en ciblant des secteurs économiques sensibles dans certains pays européens. Par exemple, la France, qui exporte une grande partie de ses produits laitiers et spiritueux vers la Chine, pourrait être particulièrement touchée par ces mesures.

Les relations commerciales sino-européennes sont en jeu, et le risque d’une guerre commerciale entre les deux puissances augmente. Les mesures de représailles pourraient affecter des secteurs clés de l’économie européenne, au moment où celle-ci cherche à se redresser après les perturbations causées par la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine. Les retombées économiques potentielles de cette confrontation sont préoccupantes pour plusieurs États membres de l’UE.

Cependant, une négociation entre les deux parties reste possible. Des représentants chinois, comme Yi Xiaozhun, ancien ambassadeur de la Chine auprès de l’OMC, ont exprimé l’espoir d’un règlement négocié pour éviter une escalade des tensions. L’UE, bien que ferme sur sa volonté de protéger son marché, a également montré une certaine ouverture à une solution par le dialogue.

La place de la chine dans le marché des véhicules électriques

La Chine est aujourd’hui le premier producteur mondial de véhicules électriques, représentant environ 60 % de la production mondiale en 2022. Des entreprises comme BYD, Nio, et Xpeng sont devenues des acteurs majeurs sur le marché mondial, notamment en Europe, où la demande de véhicules électriques est en pleine expansion. Cette position dominante s’explique par les subventions massives accordées par le gouvernement chinois aux fabricants locaux, ainsi que par la chaîne d’approvisionnement bien développée de la Chine, qui comprend la production de batteries et de composants clés.

La production de VE en Chine bénéficie également de l’accès à des matières premières critiques, telles que le lithium et le cobalt, utilisés dans la fabrication des batteries. La Chine contrôle une part importante de l’approvisionnement mondial en ces matériaux, ce qui lui permet de réduire les coûts de production de manière significative. En comparaison, les fabricants européens font face à des coûts plus élevés pour se procurer ces ressources, ce qui se répercute sur le prix final des véhicules.

Les tarifs proposés par l’UE pourraient avoir un impact sur la compétitivité des entreprises chinoises en Europe. Toutefois, la demande croissante de véhicules électriques abordables dans des pays comme l’Espagne, l’Italie et la Grèce pourrait pousser certains gouvernements à s’opposer à ces tarifs, préférant bénéficier de véhicules à bas coût pour encourager la transition vers une mobilité plus durable.

Vers un équilibre entre protection et compétitivité

La décision de l’UE d’imposer des tarifs sur les VE chinois marque un tournant dans les relations commerciales entre l’Europe et la Chine. Bien qu’elle cherche à protéger son industrie automobile, l’UE doit également faire face aux risques d’une guerre commerciale avec l’une des plus grandes puissances économiques mondiales. La protection des industries locales est essentielle, mais il est tout aussi crucial de maintenir un accès aux véhicules électriques à prix abordable pour atteindre les objectifs de transition énergétique.

La Chine, quant à elle, continuera probablement de chercher des moyens de négocier une issue favorable tout en défendant ses propres intérêts. Une guerre commerciale prolongée pourrait nuire aux deux parties, mais une solution négociée permettrait de trouver un équilibre entre la protection de l’industrie européenne et le maintien d’une concurrence saine sur le marché des véhicules électriques.

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