L’UE face aux véhicules électriques chinois
L’UE face aux véhicules électriques chinois : des barrières commerciales insuffisantes pour résoudre les problèmes structurels
L’Union européenne envisage des droits antidumping sur les importations de véhicules électriques (VE) en provenance de Chine pour contrer les subventions chinoises, mais cela ne résout pas les problèmes structurels de l’industrie automobile européenne. Le retard d’innovation et d’investissement, ainsi que la prédominance de la Chine dans la fabrication de VE, sont les véritables défis à relever.
Les défis persistants de l’UE dans le secteur des VE
Tous les dix ans environ, une nouvelle industrie semble être désignée comme le théâtre principal des guerres commerciales impliquant la Chine. Dans les années 2000, il s’agissait de l’industrie textile et de la chaussure. Dans les années 2010, ce fut le tour des panneaux solaires. Les années 2020 semblaient être la décennie des conflits concernant les semi-conducteurs, mais les véhicules électriques (VE) se profilent rapidement en outsiders.
Récemment, l’Union européenne (UE) a ouvertement menacé d’imposer des droits antidumping sur les importations de VE en provenance de Chine. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a mis en garde contre la répétition de l’expérience des cellules solaires, où les producteurs chinois ont dépassé le leadership européen initial pour dominer l’UE et le marché mondial.
Cependant, le problème de l’UE avec les VE n’a pas principalement été une ouverture naïve du marché européen. Ces restrictions commerciales mal ciblées et potentiellement contre-productives, qui risquent de freiner la transition écologique en rendant les VE plus chers, ne peuvent pas se substituer à la création d’un environnement dans lequel les entreprises européennes peuvent être compétitives.
Les limites des droits antidumping
En réalité, même si les droits antidumping sont appliqués, ils ne devraient probablement pas avoir un impact significatif sur la concurrence entre les constructeurs automobiles chinois et européens. La principale source d’importations de VE fabriqués en Chine provient des véhicules Tesla produits dans l’usine de la société américaine dans la province de Shanghai, et non des marques chinoises locales, qui ont une empreinte relativement modeste. Si la Commission souhaitait réellement donner de l’oxygène à l’industrie européenne, elle aurait opté pour une « mesure de sauvegarde », offrant une protection temporaire contre toutes les importations, plutôt que de cibler spécifiquement la Chine.
Selon les règles de l’UE, il est difficile de prouver des effets massifs de subventions déformant le commerce, en particulier par rapport aux plaintes concernant les prix injustes (anti-dumping). Par conséquent, les tarifs antidumping sur les VE chinois se chiffreront probablement à environ 10 %. Bien qu’il y ait une certaine marge de manœuvre pour différencier entre les producteurs, les droits toucheront également les importations de VE fabriqués en Chine par des entreprises européennes telles que Volkswagen. C’est d’ailleurs la Commission elle-même, sous la pression du gouvernement français, qui a lancé l’enquête sur les VE. Les constructeurs automobiles allemands en particulier, conscients du potentiel de dommages à leurs exportations et de représailles sur le marché chinois, ne sont pas enthousiastes.
L’un des problèmes les plus significatifs est que seules les subventions de l’année écoulée sont prises en compte pour calculer les distorsions commerciales. La Chine a pris une longueur d’avance dans la fabrication de VE, tout comme dans d’autres industries de la technologie verte, en injectant de l’argent depuis plus d’une décennie sous diverses formes, notamment des crédits subventionnés, des terrains et des intrants industriels subventionnés.
Le manque d’innovation et d’investissement en Europe
Il est vrai que l’UE aura toujours du mal à rivaliser avec l’ampleur et le type de soutien gouvernemental offert par la Chine. Les États membres, contraints par les règles sur les aides d’État, ont généralement offert des subventions aux consommateurs pour encourager l’adoption de VE, quel que soit leur lieu de fabrication.
Cependant, même dans ces limites, il y a eu un manque chronique d’imagination et d’investissement en Europe. Les constructeurs automobiles européens ont commencé avec d’énormes avantages, tels que des marques mondialement célèbres et une expérience dans la construction de chaînes d’approvisionnement. Cependant, alors que la Chine établissait sa base de VE à partir des années 2010 et commençait à conquérir le marché européen des batteries pour VE, y compris par le biais d’investissements directs étrangers en Europe, l’industrie automobile allemande était davantage préoccupée par la tricherie aux tests d’émissions dans le scandale Dieselgate, avec la complicité de régulateurs faibles, et par le lobbying visant à retarder les objectifs officiels de fin des ventes de voitures à combustion interne.
Malgré des rendements négatifs des obligations gouvernementales au cours des années 2010, offrant un incitatif parfait à emprunter et à moderniser l’infrastructure vieillissante de l’Allemagne, le gouvernement d’Angela Merkel était étrangement obsédé par l’obtention du « schwarze Null » (zéro noir), un budget public équilibré.
Une industrie européenne capable d’innover
L’industrie automobile européenne conserve une grande capacité d’innovation. Les marques chinoises visant l’UE, telles que BYD, ciblent principalement la partie peu valorisée du marché, laissant de nombreuses opportunités sur le segment haut de gamme. Les marchés mondiaux des VE et européens se développent plus rapidement que la Chine seule ne peut les approvisionner.
Le principal problème ici n’est pas l’injustice de la concurrence chinoise émergente. C’est le temps qu’il a fallu à cette concurrence pour pousser l’industrie automobile européenne
et ses gouvernements complaisants à agir. Les restrictions commerciales proposées par la Commission ne sont pas un remède, mais un symptôme. La solution aux maux de l’Europe réside en elle-même.
Un appel à l’innovation et à l’action
L’introduction de droits antidumping sur les VE chinois par l’UE peut sembler être une réponse à la concurrence déloyale, mais cela ne résout pas les problèmes profonds de l’industrie automobile européenne. L’innovation, l’investissement et une vision à long terme sont essentiels pour que l’Europe puisse rivaliser dans le secteur des VE. Plutôt que de s’appuyer sur des barrières commerciales, l’UE doit encourager les entreprises à innover et à investir dans la mobilité électrique, afin de créer une véritable concurrence sur un marché en croissance rapide. La véritable guerre pour l’avenir de l’industrie des véhicules électriques se joue sur le terrain de l’innovation et de la vision, et l’Europe doit être prête à relever ce défi pour rester compétitive à l’échelle mondiale.
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