L’interdiction des moteurs à combustion dans l’UE est une catastrophe industrielle

L’interdiction des moteurs à combustion dès 2035 menace des milliers d’emplois en Europe. Analyse des effets sur le marché automobile et l’économie.

La décision de l’Union européenne d’interdire la vente de voitures à moteur à combustion d’ici 2035 suscite de nombreuses inquiétudes, en particulier sur son impact sur l’industrie automobile européenne. Cette mesure, qui fait partie du Green Deal, vise à promouvoir les véhicules électriques pour réduire les émissions de CO₂. Toutefois, les critiques, comme l’Italie, soulignent que cette transition pourrait entraîner des pertes d’emplois massives, en raison de la baisse de la demande de véhicules électriques, jugés trop chers pour le consommateur moyen européen. Le marché européen est également sous pression avec l’afflux de véhicules électriques moins chers provenant de Chine, ce qui pourrait entraîner une dépendance économique accrue à l’égard des matières premières critiques provenant de ce pays.

Le Green Deal et l’interdiction des moteurs à combustion : un impact socio-économique majeur

L’Union européenne a décidé d’interdire la vente de nouveaux véhicules à moteur à combustion à partir de 2035, une initiative qui s’inscrit dans le cadre du Green Deal, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, cette décision suscite des inquiétudes importantes. L’Italie, représentée par son ministre de l’industrie, Adolfo Urso, a mis en garde contre une « crise grave » qui pourrait affecter l’ensemble du secteur automobile européen. Le principal problème réside dans le risque de perte d’emplois. En effet, l’industrie automobile européenne emploie près de 780 000 personnes en Allemagne et 165 000 en Italie. Selon les estimations actuelles, la transition vers les véhicules électriques, encore trop coûteux pour le consommateur moyen européen, pourrait entraîner une réduction drastique de la demande, ce qui affecterait directement les niveaux de production et, par conséquent, l’emploi.

En termes concrets, Stellantis, principal constructeur automobile italien, a dû suspendre la production de la version électrique de sa Fiat 500 en raison d’une faible demande. Le modèle électrique est proposé à un prix de 30 000 €, contre 17 700 € pour la version hybride, rendant l’option électrique moins accessible. De plus, les ventes de véhicules électriques en Europe ont chuté de 12 % entre janvier et août 2024 par rapport à la même période en 2023. En revanche, les ventes de véhicules hybrides ont augmenté de 16 % en Italie durant la même période, soulignant l’intérêt croissant pour les technologies alternatives aux véhicules purement électriques.

Les défis économiques posés par l’interdiction des moteurs à combustion

L’augmentation des prix des véhicules électriques n’est pas le seul défi. Selon Urso, l’Europe risque de passer d’une dépendance aux énergies fossiles russes à une dépendance envers les matières premières critiques, telles que le lithium et le cobalt, nécessaires à la fabrication des batteries. Ces matériaux proviennent principalement de Chine, qui détient environ 60 % de la production mondiale de lithium et 80 % du raffinage mondial de cobalt. Cela crée une nouvelle dépendance stratégique, potentiellement dangereuse en cas de crises géopolitiques ou de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, comme observé lors de la pandémie de COVID-19.

L’industrie automobile européenne est également confrontée à la concurrence des constructeurs chinois qui proposent des véhicules électriques à des prix plus compétitifs. Par exemple, le modèle BYD Dolphin, un véhicule électrique chinois, est vendu à environ 22 000 €, bien inférieur au coût des modèles européens équivalents. Ce différentiel de prix, combiné à une production locale de véhicules électriques insuffisante, met une pression énorme sur les constructeurs européens, dont la survie dépend désormais d’un équilibre entre coûts de production, soutien gouvernemental, et demande du marché.

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Conséquences de l’adaptation tardive des infrastructures et de la production

La transition rapide vers les véhicules électriques implique également une adaptation des infrastructures, notamment des stations de recharge. Actuellement, l’Europe compte environ 450 000 points de recharge pour véhicules électriques, un nombre jugé insuffisant pour répondre aux besoins croissants. Il est estimé que pour soutenir un parc de véhicules électriques conséquent d’ici 2035, l’Europe devra disposer de près de 6,8 millions de stations de recharge. Le coût de cette transformation est colossal, et sans un soutien gouvernemental accru, les infrastructures risquent de ne pas suivre la cadence, freinant encore davantage l’adoption de la mobilité électrique.

Le manque d’infrastructures adaptées n’est pas le seul frein à cette transition. L’industrie européenne n’a pas encore développé une chaîne d’approvisionnement solide pour les batteries. Actuellement, l’Europe produit moins de 3 % des batteries mondiales, ce qui rend les constructeurs automobiles fortement dépendants des importations chinoises. Cela pose un risque majeur pour l’autonomie stratégique du continent, d’autant plus que la demande mondiale de batteries devrait tripler d’ici 2030, exacerbant la concurrence pour l’accès aux ressources critiques.

Solutions pour un avenir plus durable

Pour éviter les conséquences économiques et sociales d’une transition mal préparée, plusieurs alternatives sont proposées. Adolfo Urso appelle à une révision des règles du Green Deal, notamment en retardant l’interdiction des moteurs à combustion, et en permettant la vente de véhicules utilisant des carburants synthétiques ou biofuels. Ces technologies offrent un compromis en réduisant les émissions tout en permettant l’utilisation de l’infrastructure existante, ce qui pourrait atténuer les effets négatifs immédiats sur l’emploi et la production industrielle.

Par ailleurs, les gouvernements européens devront investir massivement dans la recherche et le développement de nouvelles technologies de batterie. Des initiatives, telles que le projet European Battery Alliance, visent à augmenter la production de batteries en Europe, avec l’objectif de couvrir 25 % de la production mondiale d’ici 2030. De tels investissements sont essentiels pour renforcer la compétitivité européenne face aux acteurs asiatiques et américains.

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