Les réglementations européennes fragilisent les constructeurs automobiles
Les normes environnementales strictes en Europe impactent les marges des constructeurs automobiles, forçant une transition accélérée vers l’électrique.
L’impact des réglementations européennes sur les constructeurs automobiles
Les normes environnementales européennes imposent aux constructeurs une réduction de 15 % des émissions moyennes de CO₂ des véhicules neufs d’ici fin 2024 par rapport à 2021, avec des amendes de 95 € par gramme excédentaire et par véhicule. Cette pression accélère l’abandon des moteurs thermiques et impose d’importants investissements dans l’électrification. Renault prévoit une baisse de sa marge opérationnelle à 7 % en 2025 contre 7,6 % en 2024. Mercedes-Benz, confronté à des coûts élevés et à une demande incertaine pour les véhicules électriques, anticipe une chute de 40 % de ses bénéfices automobiles en 2024.

Renault : une baisse de marge anticipée
En 2024, Renault a réalisé un chiffre d’affaires de 56,23 milliards d’euros, en hausse de 7,4 % sur un an, avec une marge opérationnelle de 7,6 %. Toutefois, cette rentabilité devrait reculer à 7 % en 2025, en raison des contraintes imposées par les nouvelles réglementations européennes sur les émissions de CO₂. Ces règles obligent le constructeur à accélérer ses investissements dans l’électrification et à réduire progressivement sa production de véhicules thermiques. Cette transition engendre des coûts élevés, réduisant la rentabilité. Renault prévoit ainsi une perte de 500 millions d’euros de profit opérationnel liée à ces ajustements. Le constructeur est contraint d’augmenter la part des véhicules électriques et hybrides dans sa gamme, tout en faisant face à une demande incertaine et à des coûts de production plus élevés. Cette pression financière s’ajoute aux défis liés à la compétitivité du marché et à l’évolution des subventions publiques.
Mercedes-Benz : des profits en déclin
En 2024, Mercedes-Benz a enregistré une baisse de 28,4 % de son bénéfice net, conséquence directe des coûts liés à la transition électrique et d’une demande hésitante pour les modèles 100 % électriques. L’entreprise investit massivement dans l’électrification, avec le lancement prévu de 19 nouveaux modèles thermiques et 17 électriques d’ici 2027. Toutefois, les ventes de véhicules électriques ont reculé de 25 % en raison d’un marché moins réceptif et de la réduction des subventions gouvernementales. Face à ces difficultés, Mercedes-Benz adopte une stratégie hybride, retardant l’abandon total des motorisations thermiques pour limiter l’impact financier de cette transition imposée par la réglementation européenne. En parallèle, les coûts de production augmentent, pesant sur la rentabilité. Le constructeur a également annoncé des mesures de réduction des dépenses et d’optimisation industrielle pour limiter l’impact de cette transformation sur ses résultats. L’évolution des normes européennes reste un facteur déterminant pour sa rentabilité future.
Les défis de la transition électrique
La transition vers les véhicules électriques (VE) impose aux constructeurs des investissements massifs pour répondre aux normes européennes tout en maintenant leur rentabilité. Mercedes-Benz prévoit de lancer 19 nouveaux modèles thermiques et 17 électriques d’ici 2027, cherchant ainsi à équilibrer son offre face à une demande fluctuante. En 2023, les ventes de VE du constructeur ont chuté de 25 %, illustrant les incertitudes du marché, accentuées par la réduction des subventions et le coût élevé des batteries.
Renault et d’autres marques européennes doivent adapter rapidement leurs chaînes de production, tout en maîtrisant des coûts en hausse. L’électrification implique la refonte des usines, l’acquisition de nouvelles technologies et une restructuration de la main-d’œuvre. De plus, la disponibilité des infrastructures de recharge et le prix des véhicules restent des freins majeurs. Face à ces défis, certains constructeurs privilégient une stratégie mixte, retardant l’abandon complet des moteurs thermiques pour limiter les risques financiers.

Pression réglementaire accrue
Les constructeurs automobiles européens doivent se conformer à des seuils stricts de réduction des émissions de CO₂, sous peine de lourdes sanctions financières. D’ici fin 2024, ils doivent abaisser de 15 % les émissions moyennes de leurs flottes par rapport aux niveaux de 2021. À partir de 2035, la vente de voitures neuves à moteur thermique sera interdite dans l’Union européenne, sauf pour certains carburants synthétiques.
Les dépassements d’émissions entraînent des pénalités de 95 € par gramme de CO₂ excédentaire et par véhicule vendu, ce qui peut représenter des centaines de millions d’euros pour un constructeur. Cette réglementation pousse les industriels à accélérer l’électrification de leur gamme, augmentant considérablement les coûts de développement et de production. Cependant, la demande pour les véhicules électriques reste incertaine, notamment en raison du prix d’achat élevé et d’un réseau de recharge encore insuffisant, compliquant l’atteinte des objectifs fixés par Bruxelles.
Conséquences pour les consommateurs
Pour les consommateurs, ces changements se traduisent par une augmentation des incitations à l’achat de véhicules électriques et une réduction de l’offre de modèles thermiques. Cependant, la hausse des coûts de production liée à la transition électrique pourrait entraîner une augmentation des prix des véhicules, impactant ainsi le pouvoir d’achat des acheteurs.
Perspectives d’avenir
Face à ces défis, les constructeurs européens demandent un assouplissement des réglementations. La France, par exemple, a exhorté la Commission européenne à retarder les amendes pour les constructeurs n’augmentant pas suffisamment la part de véhicules électriques dans leurs flottes, arguant que les conditions actuelles du marché rendent difficile le respect des objectifs fixés.
Les réglementations environnementales européennes, bien qu’essentielles pour la réduction des émissions de CO₂, exercent une pression significative sur les constructeurs automobiles. Ces derniers doivent naviguer entre les exigences réglementaires, les coûts de la transition électrique et les attentes des consommateurs, tout en maintenant leur rentabilité dans un marché hautement compétitif.