Les constructeurs européens face à l’« hiver des VE »
Les constructeurs automobiles européens doivent produire des VE abordables pour respecter les objectifs de CO₂ de l’UE et affronter la concurrence chinoise.
L’industrie automobile européenne se prépare à un « hiver des véhicules électriques (VE) » en raison de nouveaux objectifs stricts de réduction des émissions de CO₂ imposés par l’Union européenne, et d’une concurrence accrue de la Chine. Les constructeurs doivent lancer des modèles abordables pour respecter ces règles, mais font face à des marges réduites et à des consommateurs de plus en plus sensibles aux prix. Les groupes tels que Renault, Volkswagen et Stellantis investissent massivement pour développer de nouveaux VE tout en adaptant leurs stratégies. Les analystes estiment qu’une bataille des prix pourrait débuter dès 2025, mettant davantage sous pression les marges des fabricants européens.
Nouveaux objectifs de l’UE et impact sur les constructeurs
À partir de 2025, l’Union européenne imposera des seuils plus stricts de réduction des émissions de CO₂ pour les véhicules neufs. Ces exigences, prévues pour aider l’UE à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, exigent une part croissante de véhicules électriques (VE) dans les flottes des constructeurs. Pour les entreprises, le non-respect de ces normes entraînerait des amendes importantes, estimées collectivement à 51 milliards d’euros d’ici 2030 selon AlixPartners. Ces coûts additionnels poussent les constructeurs européens, tels que Renault, Volkswagen, Stellantis, et BMW, à ajuster leurs stratégies pour éviter les pénalités tout en maintenant leur rentabilité.
Cependant, cette transition n’est pas sans défis. Le ralentissement de la demande en VE dans des marchés clés comme l’Allemagne, en raison de la réduction des subventions et d’une plus grande sensibilité des consommateurs aux prix, complique l’atteinte des objectifs. Les constructeurs demandent des ajustements aux réglementations pour éviter des pénalités excessives, mais certains analystes estiment que les objectifs sont encore atteignables via l’achat de crédits d’émission auprès de groupes plus avancés dans la réduction des émissions.
Compétition avec les constructeurs chinois
Les constructeurs européens doivent également affronter une concurrence directe des fabricants chinois, tels que BYD et Xpeng, qui proposent des modèles EV à partir de 20 000 euros, un prix environ moitié moins élevé que celui des véhicules similaires en Europe. Cela met en évidence le besoin urgent pour les constructeurs européens de lancer des modèles abordables pour maintenir leur compétitivité. D’après Transport & Environment, le coût moyen d’un VE en Europe est d’environ 40 000 euros, ce qui reste élevé par rapport aux modèles chinois.
Les entreprises européennes, conscientes de la nécessité de rivaliser avec les modèles chinois à bas prix, concentrent leurs efforts sur le développement de véhicules plus économiques. Par exemple, Renault prévoit de lancer une version électrique de la R5 à un prix autour de 25 000 euros en 2024, et Citroën présentera bientôt une version non électrique du C3 Aircross à partir de 20 000 euros. Pourtant, le maintien de marges bénéficiaires suffisantes reste un défi, car les VE génèrent en moyenne 15 % de marge de moins que les véhicules à combustion traditionnelle.
Perspectives de réduction des coûts et innovation
Pour faire face à ces pressions économiques, les constructeurs cherchent à réduire les coûts de production des VE. Cela inclut des initiatives telles que le recyclage des batteries et la création de chaînes d’approvisionnement locales pour les composants critiques, comme l’a fait Renault avec son projet de recyclage des batteries annoncé récemment. En réduisant leur dépendance aux importations de batteries, ils espèrent baisser les coûts tout en répondant aux nouvelles exigences écologiques.
La recherche de solutions pour améliorer l’autonomie des batteries tout en réduisant les coûts reste également une priorité. Des entreprises telles que Volkswagen et Stellantis investissent dans le développement de technologies de batterie à état solide, qui promettent une meilleure performance énergétique à moindre coût. Le lancement de ces technologies est prévu pour les prochaines années, mais des obstacles subsistent quant à leur viabilité commerciale à court terme.
Conséquences pour les consommateurs et l’industrie
Les consommateurs, confrontés à des choix de plus en plus variés, pourraient bénéficier d’une baisse des prix des VE en raison de la compétition croissante entre fabricants européens et chinois. Toutefois, le risque d’une guerre des prix pourrait fragiliser la position des entreprises européennes, moins bien placées pour absorber des marges réduites. Les marques chinoises, bénéficiant d’une structure de coûts plus faible, pourraient dominer le marché d’entrée de gamme.
En parallèle, les subventions étatiques pour les VE diminuent progressivement, notamment en Allemagne où elles sont passées de 9 000 euros à 4 500 euros pour un VE standard, augmentant le fardeau financier pour les consommateurs. Cette tendance pourrait ralentir la transition vers les VE, obligeant les constructeurs à trouver de nouvelles méthodes pour inciter les ventes sans dépendre des aides gouvernementales.
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