Les constructeurs automobiles européens anticipent une année 2025 difficile
L’industrie automobile européenne fait face à de grands défis en 2025, avec des règles d’émissions plus strictes, des remises sur les VE et la concurrence chinoise et américaine.
Le marché automobile européen devrait connaître une croissance des ventes de véhicules électriques (VE) en 2025, avec plus de 160 nouveaux modèles attendus. Toutefois, cette reprise sera accompagnée de coûts élevés pour respecter les nouvelles normes d’émissions de l’Union européenne (UE). Les constructeurs devront également proposer des réductions importantes pour attirer les consommateurs, encore hésitants face à la transition. Le coût des crédits carbone, les remises et l’impact des subventions gouvernementales sont des facteurs essentiels qui affecteront la rentabilité du secteur. Une baisse des bénéfices est donc attendue, avec un impact estimé à 16 milliards d’euros pour l’ensemble du secteur si les amendes de 2025 ne sont pas ajustées.
Le marché des véhicules électriques en Europe : Une année 2025 sous haute pression
En 2025, l’Europe devrait voir un retour en force des ventes de véhicules électriques (VE), avec une prévision de croissance de 40 % des ventes en Europe occidentale, atteignant 2,7 millions de véhicules. Cette reprise est largement due aux nouvelles régulations de l’Union européenne (UE) sur les émissions de CO₂, qui obligent les constructeurs à augmenter la part des VE dans les ventes totales. Matthias Schmidt, analyste indépendant, prévoit que la part des véhicules électriques sur le marché européen atteindra 22 % cette année, contre 15-17 % les années précédentes.
Cependant, malgré cette forte croissance attendue, les constructeurs sont confrontés à des défis majeurs. La mise en conformité avec des règles d’émissions plus strictes entraînera des coûts supplémentaires, notamment pour l’achat de crédits carbone auprès de concurrents comme Tesla ou des constructeurs chinois. Ces crédits sont nécessaires pour compenser les émissions de CO₂ des véhicules non électriques, et leur coût pourrait atteindre 4 milliards d’euros pour l’ensemble de l’industrie, selon les estimations de UBS.
Un autre facteur décisif réside dans les remises proposées aux consommateurs. Les réductions sur les prix des VE sont essentielles pour stimuler la demande, mais elles affectent considérablement la rentabilité des constructeurs. En 2024, les remises ont déjà fait baisser les marges bénéficiaires, et cette tendance devrait se poursuivre en 2025 si les constructeurs souhaitent augmenter leurs ventes.
L’impact des subventions et des politiques publiques sur les ventes
Les subventions gouvernementales ont longtemps joué un rôle crucial pour soutenir la transition vers les véhicules électriques en Europe. Cependant, cette année, plusieurs pays européens ont réduit ou supprimé leurs aides financières, ce qui a directement affecté les ventes. En Allemagne, par exemple, les ventes de VE ont chuté de 27 % en 2024 après l’arrêt brusque des subventions à la fin de l’année précédente. De même, la France a enregistré une baisse de 3 % des ventes de VE, avec une chute de 21 % en décembre. Cette évolution a des conséquences directes sur les ventes, car une partie importante de la population hésite encore à investir dans un véhicule électrique sans soutien financier.
Le Royaume-Uni, en revanche, a connu une forte hausse de ses immatriculations de VE, avec une augmentation de 21 % en 2024, atteignant un total record de 382 000 véhicules électriques immatriculés. Le Royaume-Uni a mis en place un système de quotas pour imposer une part importante de véhicules zéro émission dans les ventes à partir de 2024, ce qui a conduit à une croissance notable de la demande. Cependant, cette augmentation des ventes a également été accompagnée de remises substantielles, coûteuses pour les fabricants.
Dans ce contexte, plusieurs gouvernements européens commencent à reconsidérer leur politique. Le gouvernement français, par exemple, a suggéré que les constructeurs soient exonérés de fortes amendes si leurs ventes de VE ne respectaient pas les objectifs fixés par l’UE. En Allemagne, le débat sur les subventions reste ouvert, et plusieurs voix s’élèvent pour demander plus de stabilité dans la politique publique afin de rassurer les consommateurs et soutenir la transition énergétique.
Concurrence internationale et défis pour la rentabilité des constructeurs
La concurrence croissante, notamment en provenance de la Chine, représente un autre défi majeur pour les constructeurs européens. Les fabricants chinois, qui ont pris de l’avance dans le développement des véhicules électriques, sont capables de proposer des modèles à des prix très compétitifs. Cela met une pression supplémentaire sur les fabricants européens qui doivent non seulement répondre aux nouvelles régulations européennes, mais aussi faire face à des coûts de production relativement plus élevés.
Les constructeurs européens, comme Stellantis, Ford et Toyota, ont annoncé qu’ils allaient acheter des crédits carbone auprès de Tesla et de ses concurrents pour répondre aux exigences d’émissions. Ce processus a un coût important, et selon des analystes, cette situation pourrait coûter jusqu’à 4 milliards d’euros en 2025. Cela soulève la question de savoir si les constructeurs européens seront capables de maintenir leur rentabilité tout en respectant les nouvelles normes environnementales et en stimulant la demande pour les véhicules électriques.
Les marges bénéficiaires restent donc sous pression. Selon UBS, les bénéfices des groupes automobiles européens devraient baisser de 7 % en 2025 par rapport à 2024. Le poids des subventions et des crédits carbone, couplé à la nécessité de baisser les prix des VE pour rendre l’offre plus attractive, met l’industrie sous forte tension financière.
Un marché en pleine mutation, mais sous pression
L’industrie automobile européenne se prépare à une année 2025 marquée par des défis économiques et environnementaux de taille. La croissance des ventes de véhicules électriques, attendue pour 2025, sera certes importante, mais elle sera contrebalancée par les coûts élevés liés aux normes d’émissions, les remises et la concurrence internationale. Les gouvernements auront un rôle essentiel à jouer en réinstaurant des politiques de soutien pour maintenir la dynamique du marché et éviter que la rentabilité des constructeurs ne souffre trop des nouvelles régulations.
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