Hispano-Suiza K6
Plus qu’une voiture, la K6 d’Hispano-Suiza est un bijou automobile. Dévoilée au Salon de l’automobile de Paris en 1934, elle avait pourtant fort à faire pour satisfaire la clientèle. Elle se situait en effet dans la droite ligne du chef-d’œuvre automobile de la société, la H6. Succéder à un classique n’est jamais aisé, mais la K6 illustrait bien la capacité de Marc Birkigt pour anticiper et répondre aux demandes de ses clients — malgré un prix élevé. La K6 était proposée sous forme de châssis motorisé afin que les clients puissent choisir la carrosserie de leur choix. La voiture fut ainsi parée d’une foule de carrosseries superbes, souvent identiques, voire supérieures à celle du fleuron de la société, la 112. Les maîtres carrossiers français adoraient la K6 en raison de son raffinement et de l’attention portée aux détails, et Birkigt savait que sa clientèle préférait le luxe et le décorum à la vitesse et aux performances pures. Libre de sacrifier les performances au profit du confort, Rodolphe Hermann conçut donc un moteur à 6 cylindres en ligne de 5 000 cm3 en remplaçant les arbres à cames, leurs chaînes et leurs engrenages par des soupapes entête « à l’ancienne », avec un boîtier de direction de précision afin d’apporter à ses clients ce qu’ils recherchaient : le silence et la réactivité. La production de la K6 fut interrompue en 1938 alors que I’Europe s’apprêtait à basculer dans la guerre, Hispano-Suiza se trouvant obligé de se consacrer de plus en plus à son autre branche : les moteurs d’avions. Trente-six K6 personnalisées et fabriquées à la main ont finalement survécu jusqu’à nos jours, comme pour nous rappeler que l’automobile n’est pas toujours une histoire de vitesse. Ces survivantes portent la mémoire du combat que mena Hispano-Suiza pour mériter la préférence de ceux qui cherchaient par-dessus tout le confort, la noblesse, la mécanique de Précision et la souplesse.