Giorgia Meloni critique la transition verte de l’UE dans l’automobile
Giorgia Meloni dénonce la politique de l’UE sur l’interdiction des moteurs thermiques dès 2035, pointant un risque pour l’industrie automobile et l’emploi.
La première ministre italienne Giorgia Meloni a vivement critiqué les règles de l’Union Européenne visant à interdire les moteurs thermiques à partir de 2035. Cette transition, axée sur les véhicules électriques (VE), est perçue par Meloni comme une menace pour des milliers d’emplois dans l’industrie automobile italienne. Le secteur connaît déjà un ralentissement de la production, accentué par une faible demande pour les VE, ce qui alarme les acteurs du secteur comme Stellantis, Fiat, et des politiciens tels que Meloni. La question se pose de savoir si cette transition imposée est la meilleure voie à suivre pour réduire les émissions de CO₂ sans compromettre la compétitivité industrielle de l’Europe.
Les impacts de la transition verte de l’UE sur l’industrie automobile
L’Union Européenne a adopté en 2023 une législation visant à interdire la vente de nouveaux moteurs thermiques à partir de 2035. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du Green Deal européen, un plan ambitieux visant à réduire les émissions de CO₂ et à favoriser la transition vers les véhicules électriques (VE). Cependant, cette décision est loin de faire l’unanimité, en particulier en Italie, où la première ministre Giorgia Meloni a dénoncé ce qu’elle qualifie de « politique autodestructrice ». En effet, elle estime que cette transition forcée menace de détruire des milliers d’emplois dans l’industrie automobile et de déséquilibrer le marché.
Les chiffres actuels illustrent bien les défis auxquels l’industrie italienne est confrontée. En 2024, seulement 225 000 voitures particulières ont été produites en Italie au cours des sept premiers mois, soit une baisse de 35,5 % par rapport à la même période l’année précédente. Cette chute de la production est symptomatique de la faible demande pour les véhicules électriques, un marché encore balbutiant dans certaines régions d’Europe, notamment en Italie. Stellantis, le plus grand constructeur automobile du pays, a dû suspendre pendant quatre semaines la production des Fiat 500 électriques en raison de cette faible demande.
Les enjeux économiques et sociaux de l’interdiction des moteurs thermiques
L’une des principales préoccupations de Giorgia Meloni est le risque pour l’emploi. L’Italie, comme d’autres pays européens, possède une longue tradition dans la production de voitures thermiques. Le passage à l’électrique représente une transition coûteuse, non seulement en termes d’investissements mais aussi en termes de reconversion de la main-d’œuvre. Selon le National Auto Industry Supply Chain Association, des milliers d’emplois sont en jeu si la production automobile s’effondre.
Par ailleurs, l’Italie dépend en grande partie des importations pour les matières premières nécessaires à la production des batteries pour véhicules électriques. Cette dépendance vis-à-vis des pays tiers, notamment la Chine pour les matériaux tels que le lithium, aggrave les inquiétudes. Meloni a souligné que l’Europe ne contrôle pas la chaîne de valeur des véhicules électriques, ce qui rend la transition encore plus délicate.
La première ministre plaide ainsi pour une neutralité technologique, permettant à chaque État membre de choisir les technologies les plus adaptées à son contexte pour réduire les émissions de CO₂. En d’autres termes, elle propose d’élargir le débat au-delà des véhicules électriques pour inclure des alternatives comme les e-carburants et les hybrides, qui pourraient réduire les émissions tout en préservant les emplois.
Les appels à réviser la législation sur les émissions automobiles
Les critiques de Meloni ne sont pas isolées. Plusieurs autres pays européens, tels que l’Allemagne et la République Tchèque, ont également exprimé des réserves sur cette interdiction des moteurs thermiques. En Allemagne, le ministre des Transports Volker Wissing a fait écho à ces préoccupations, soulignant que les objectifs fixés par l’UE étaient irréalistes et difficiles à atteindre en pratique.
La législation prévoit une révision en 2026, mais des appels se multiplient pour avancer cette échéance afin de permettre une évaluation plus rapide des impacts économiques et industriels. L’Italie, par exemple, fait pression pour que cette révision ait lieu dès l’année prochaine, alors que l’industrie automobile du pays continue de souffrir d’une production en baisse.
Dans ce contexte, il est important de rappeler que les véhicules électriques ne représentent encore qu’une fraction du marché en Italie. Selon les données de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles), les ventes de véhicules électriques dans l’UE ont presque triplé en 2023, mais ces chiffres masquent des disparités importantes entre les États membres. L’Italie, en particulier, a vu une adoption plus lente des VE par rapport à des pays comme la France ou l’Allemagne.
Les défis à long terme pour l’industrie automobile européenne
Outre les inquiétudes concernant les emplois et la production, la transition vers les véhicules électriques pose des défis technologiques de taille. Les constructeurs européens, bien qu’engagés dans cette transition, peinent à maintenir leur compétitivité face à des rivaux internationaux, notamment en Chine et aux États-Unis. Des marques comme BYD, Tesla, et Nio ont pris de l’avance dans le développement de VE, tandis que des constructeurs européens tels que Stellantis et Volkswagen rencontrent des difficultés à aligner leur production avec la demande du marché.
En outre, le coût de développement des véhicules électriques reste élevé. Selon des estimations récentes, le développement d’un nouveau véhicule électrique peut coûter jusqu’à 11 milliards d’euros par modèle, incluant la recherche, le développement des batteries et la mise en place des infrastructures de recharge. Ces coûts sont difficiles à amortir tant que la demande pour ces véhicules reste faible, ce qui met en péril la rentabilité à court terme des constructeurs européens.
Enfin, bien que la transition vers une économie bas carbone soit nécessaire pour lutter contre le changement climatique, elle doit être menée de manière équilibrée. Les législateurs européens doivent trouver un compromis entre les impératifs environnementaux et la préservation de la compétitivité industrielle. Comme l’a souligné Adolfo Urso, ministre italien de l’industrie, « des décisions doivent être prises rapidement » pour éviter l’effondrement de l’industrie automobile européenne, qui reste un pilier essentiel de l’économie du continent.
Vers un ajustement de la stratégie de l’UE ?
Si les critiques contre le Green Deal et les objectifs de l’UE en matière de réduction des émissions se multiplient, il est peu probable que Bruxelles renonce totalement à ses ambitions. En effet, de nombreux experts estiment que l’industrie automobile européenne a besoin de la stabilité offerte par des réglementations claires et des objectifs à long terme.
Cependant, la pression exercée par des pays comme l’Italie et l’Allemagne pourrait pousser l’UE à revoir certains aspects de sa politique, en particulier en ce qui concerne les carburants alternatifs et les technologies hybrides. L’objectif serait alors de permettre une transition plus graduelle, en tenant compte des réalités économiques et industrielles des différents États membres.
Le débat autour de la transition verte dans l’automobile est loin d’être clos. Si la nécessité de réduire les émissions de CO₂ est largement acceptée, les moyens d’y parvenir divisent encore profondément l’Europe, où chaque pays défend ses intérêts industriels et économiques dans un contexte de plus en plus compétitif.
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