DS Décapotable (1960-1971)
DS Décapotable de 1960 : conception, performances, comparaison, évolution, prix d’occasion. Analyse technique précise pour passionnés de voiture française.
La DS Décapotable de 1960 combine mécanique précise, design spécifique et performances équilibrées dans le paysage automobile français de l’époque.
La DS Décapotable, lancée en 1960 par Citroën, est une déclinaison du modèle DS conçue pour répondre à une clientèle plus exclusive. Carrossée par Henri Chapron, elle conserve les caractéristiques techniques de la berline DS tout en intégrant une ligne deux portes avec capote souple. Elle s’inscrit dans un segment de niche, entre la berline innovante et le cabriolet statutaire. La production s’étend jusqu’en 1971, avec environ 1365 exemplaires produits. Cette version se distingue par un renfort de la structure pour compenser l’absence de toit rigide, un style distinctif et un positionnement tarifaire élevé. Ce modèle incarne une tentative concrète de conjuguer technologie française, confort de conduite, et design spécifique dans un marché en mutation rapide au tournant des années 60.

Conception de la DS Décapotable
La DS Décapotable est issue d’une collaboration entre Citroën et le carrossier Henri Chapron, qui adapte dès 1958 certains modèles DS pour une clientèle haut de gamme. En 1960, Citroën décide d’intégrer officiellement cette version cabriolet dans son catalogue sous le nom de DS 19 Cabriolet Usine, produite en partie chez Chapron mais commercialisée par Citroën.
Le design reprend les codes de la DS berline, avec des ajustements spécifiques : structure renforcée au niveau du plancher et des bas de caisse, suppression des portes arrière, allongement des portes avant, et capote manuelle ou hydraulique selon les versions. Le résultat conserve l’identité visuelle de la DS, tout en introduisant un gabarit de 4,87 mètres de long, plus équilibré dans sa déclinaison deux portes.
L’intégration des innovations techniques reste inchangée : suspension hydropneumatique, direction assistée, freinage assisté à commande hydraulique et boîte semi-automatique à commande hydraulique. Ces choix renforcent le confort et la souplesse de conduite, en accord avec la philosophie Citroën.
La conception répond à un double objectif : maintenir l’innovation technique de la DS et séduire une clientèle recherchant une voiture ouverte sans sacrifier la sophistication mécanique. À une époque où la voiture française restait largement dominée par les berlines classiques, cette déclinaison cabriolet offre une alternative technique aux modèles sportifs étrangers. Elle s’intègre dans un paysage marqué par le développement de voitures à vocation plus statutaire que sportive.
Performance de la DS Décapotable
Les premières versions de la DS Décapotable embarquent un moteur 1,9 litre à 4 cylindres, développant 75 chevaux SAE (environ 68 ch DIN). Le couple moteur atteint environ 135 Nm à 3000 tr/min. La vitesse maximale est de 140 km/h, avec une accélération de 0 à 100 km/h en 21 secondes. Le poids atteint environ 1300 kg, soit 50 kg de plus que la berline en raison du renforcement structurel.
Le freinage est assuré par freins à disque à l’avant et tambours à l’arrière, commandés hydrauliquement. Le système offre un freinage progressif et constant, bien supérieur aux standards de l’époque. La suspension hydropneumatique assure une tenue de route stable, avec une garde au sol variable et une absorption des irrégularités routières efficace, même en conduite sur chaussée dégradée.
La boîte semi-automatique à 4 rapports, sans pédale d’embrayage, offre une conduite souple, mais son fonctionnement demande un temps d’adaptation. Ce dispositif réduit la fatigue du conducteur sur longue distance, bien que la gestion hydraulique impose un entretien spécifique.
Le confort acoustique est limité par la capote, surtout à haute vitesse, mais reste convenable dans les standards des cabriolets de cette époque. L’isolation thermique est perfectible en hiver.
La DS Décapotable n’est pas conçue pour la performance brute, mais pour une conduite souple, linéaire et confortable, ciblant une clientèle plus préoccupée par l’agrément que par les chronos.

Comparaison sur le marché
En 1960, le marché des voitures cabriolets comprend plusieurs concurrentes, principalement allemandes, italiennes et britanniques. Face à la DS Décapotable, les comparaisons techniques sont contrastées.
La Mercedes 220 SE Cabriolet (W111), lancée en 1961, embarque un moteur 2,2 litres 6 cylindres de 120 ch, pour une vitesse maximale de 160 km/h et un 0 à 100 km/h en 14 secondes. Elle propose une finition intérieure plus aboutie, mais à un prix largement supérieur (environ 30 000 francs français à l’époque, contre 21 000 francs pour la DS Décapotable).
La Peugeot 404 Cabriolet, lancée en 1961 également, dispose d’un moteur 1,6 litre de 72 ch, pour 145 km/h de vitesse maximale. Moins chère (environ 15 000 francs), elle vise un public différent, plus populaire, avec une finition plus sommaire et une suspension classique.
Du côté britannique, la Triumph TR3A propose 100 ch, vitesses de pointe à 170 km/h, mais avec une tenue de route plus ferme, une suspension plus rudimentaire, et un confort inférieur, notamment sur long trajet.
La DS Décapotable se positionne donc entre deux logiques : technologie de berline haut de gamme dans un format cabriolet, sans viser la performance sportive. Elle souffre toutefois d’un surpoids relatif et d’un moteur peu dynamique comparé aux cabriolets sportifs, mais surpasse la plupart d’entre eux en confort de conduite et technologie embarquée.
Evolution de la DS Décapotable dans le temps
De 1960 à 1971, la DS Décapotable connaît plusieurs évolutions techniques. En 1966, elle adopte le moteur DS 21, soit 2,175 cm³ pour 109 ch DIN, permettant d’atteindre 160 km/h et un 0 à 100 km/h en 17 secondes. La DS 21 IE à injection électronique Bosch apparaît en 1969, avec 125 ch DIN, améliorant légèrement les reprises.
Parallèlement, les finitions intérieures évoluent, intégrant des matériaux plus valorisants : selleries cuir, bois vernis, et amélioration du tableau de bord. La capote reste en toile, sans toit rigide amovible proposé.
La version ID Décapotable, moins équipée, est proposée à partir de 1961. Elle conserve la structure mais avec des équipements simplifiés et une boîte manuelle classique, plus économique.
La production est stoppée en 1971, Citroën ayant jugé le coût de fabrication trop élevé pour un marché restreint. Les modèles de fin de série restent recherchés pour leur moteur plus performant et leur finition supérieure.

Prix de l’occasion
En 2025, une DS Décapotable d’origine restaurée s’échange en moyenne entre 110 000 € et 180 000 €, selon version, état mécanique, sellerie et historique. Les versions DS 21 IE Chapron dépassent 200 000 €. Une ID Décapotable, moins recherchée, se situe autour de 90 000 € à 120 000 €.
Le marché est essentiellement collectionneur, avec une progression constante des cotes depuis 2010. Les restaurations partielles ou non certifiées subissent une décote de 30 à 40 %. Le coût d’entretien reste élevé, notamment pour la suspension et la mécanique hydraulique.
Verdict : Une voiture française entre technique et compromis
La DS Décapotable reste une voiture techniquement avancée pour son époque. La suspension hydropneumatique, la boîte hydraulique et le confort de conduite lui confèrent un positionnement singulier. Mais sa motorisation modeste, combinée à un surpoids, limite son intérêt pour les amateurs de conduite dynamique.
En comparaison, une Mercedes 220 SE Cabriolet offre de meilleures performances, mais à un prix d’époque bien plus élevé. Une Peugeot 404 Cabriolet, moins technologique, s’avère plus simple à entretenir et plus légère, mais moins confortable.
Aujourd’hui, la DS Décapotable est une voiture de collection, non adaptée à une utilisation régulière. Son coût de restauration, l’entretien de la suspension et la complexité hydraulique imposent une maintenance spécifique.
Un collectionneur passionné y trouvera un intérêt patrimonial. Un amateur de conduite, en revanche, trouvera un Porsche 356 Cabriolet ou une Mercedes Pagode plus intéressante, tant sur le plan moteur que sur la fiabilité d’usage.
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