Chrysler Valiant Charger
De toutes les voitures qui sont nées en Australie au fil des décennies, la Valiant Charger de Chrysler est peut-être la plus belle, et celle dont les australiens sont le plus fiers. Pour la petite histoire, au début des années 1970, la police australienne a acquis douze Valiant Charger qu’elle a adaptées en voitures banalisées. Cette décision était pleine d’ironie, car à l’époque aucun autre modèle n’attirait plus l’attention sur les routes australiennes. Selon le magazine Australian Motoring News, c’était « probablement la plus belle voiture jamais produite par un constructeur australien ». Comme pour effacer tout espoir de passer inaperçue, la police a en outre décoré ses nouvelles acquisitions de bandes roses et bleues. À la vérité, pour n’importe quel Australien de sexe masculin, rien n’était pire que de ne pas être remarqué au volant d’une Charger. Contrairement à la Holden Morano, qui avait déboulé sur la scène automobile en se proclamant « la meilleure », la Charger est apparue discrètement en 1971 avant d’être rapidement désignée voiture de l’année par le magazine Wheels.
Produit de la révolution sexuelle et désormais partie intégrante du mode de vie australien, elle avait la réputation d’ « attirer les filles » et est apparue dans Alvin Purple (1973), l’un des premiers films d’avant-garde australiens à être découverts sur la scène internationale. La voiture était, de plus, puissante et peu onéreuse. Avec l’aide d’un moteur Hemi 6 débridé, elle a remporté, en 14,4 secondes, le record du quart de mile australien, qu’elle a conservé pendant 30 ans. La Valiant Charger a aussi bénéficié d’une excellente campagne publicitaire télévisée où l’on voyait des Australiens moyens faire le V de la victoire et s’écrier « Hé, Charger ! » quand une de ces voitures passait en trombe devant eux dans la rue. Ce slogan, comme le modèle, est passé dans la culture et l’identité nationales.