Chery parie sur la demande continue de voitures à essence en Europe

Chery, constructeur automobile chinois, lance son SUV à essence au Royaume-Uni, anticipant une transition plus lente vers les véhicules électriques.

Le constructeur chinois Chery fait son entrée sur le marché britannique en misant sur la demande continue pour les véhicules à essence. Alors que la transition vers les véhicules électriques (VE) ralentit, notamment en raison des préoccupations des consommateurs concernant les coûts élevés et l’infrastructure de recharge, Chery lance un SUV Omoda à essence à 25 000 £ (environ 29 000 €), tout en proposant également des versions hybrides et électriques. Avec des plans pour s’étendre rapidement au Royaume-Uni et en Europe, Chery s’impose comme un acteur clé, grâce à une offre diversifiée de motorisations.

Le pari de Chery sur les voitures à essence au Royaume-Uni

Le constructeur automobile chinois Chery adopte une stratégie unique en entrant sur le marché britannique : il parie sur une demande durable pour les véhicules à essence, alors même que la majorité des nouveaux entrants se concentrent uniquement sur les véhicules électriques (VE). Le modèle lancé, le SUV Omoda 5, est proposé en version essence pour environ 25 000 £ (soit environ 29 000 €). En plus des versions à combustion interne, Chery propose également des versions hybrides, hybrides rechargeables et entièrement électriques, avec un modèle électrique à partir de 33 000 £ (environ 38 000 €).

Cette stratégie se démarque car beaucoup de constructeurs automobiles ont fait le choix d’abandonner les moteurs thermiques au profit des véhicules électriques purs. Toutefois, Victor Zhang, responsable de Chery au Royaume-Uni, estime que la transition vers l’électrique au Royaume-Uni prendra plus de temps que prévu. Les coûts élevés des VE et la lenteur de la mise en place d’une infrastructure de recharge fiable sont des freins majeurs pour de nombreux consommateurs. En effet, au Royaume-Uni, malgré la volonté politique d’encourager les VE, seuls 22 % des voitures neuves vendues en 2023 étaient électriques, et les coûts d’infrastructure de recharge sont encore élevés, avec environ 1 borne pour 32 véhicules électriques sur les routes.

Les défis du marché britannique des véhicules électriques

La décision de Chery de continuer à proposer des véhicules à essence s’explique par le ralentissement de la croissance des ventes de véhicules électriques au Royaume-Uni. Bien que le pays ait initialement fixé un objectif ambitieux d’interdire la vente de nouveaux véhicules à essence et diesel d’ici 2030, cette date a été repoussée à 2035 en raison des difficultés économiques et des défis liés à l’infrastructure de recharge. Actuellement, les points de recharge publics sont souvent insuffisants, notamment dans les zones rurales, ce qui freine l’adoption massive des VE.

De plus, le coût initial d’un véhicule électrique reste un obstacle important pour de nombreux consommateurs. Par exemple, un modèle de base comme l’Omoda électrique de Chery coûte environ 33 000 £ (environ 38 000 €), ce qui reste bien plus cher qu’un modèle à essence. Le gouvernement britannique propose certes des subventions pour les acheteurs de VE, mais elles ne suffisent pas toujours à combler l’écart avec les voitures thermiques. Cela explique pourquoi Chery a choisi de maintenir une gamme de moteurs thermiques et de véhicules hybrides, ce qui permet à l’entreprise d’attirer un public plus large en attendant que les VE deviennent plus accessibles financièrement.

Chery parie sur la demande continue de voitures à essence en Europe

La stratégie de diversification de Chery

Contrairement à de nombreux constructeurs qui misent tout sur l’électrification, Chery adopte une approche plus équilibrée avec une gamme diversifiée de moteurs essence, hybrides, hybrides rechargeables et électriques. Cette stratégie permet à Chery de s’adapter aux besoins variés des consommateurs, tout en se préparant à la transition vers l’électrique. Le lancement de la marque Jaecoo, qui sera plus premium, montre également l’ambition de Chery de couvrir plusieurs segments de marché.

La gamme de véhicules de Chery bénéficie également de garanties prolongées pour attirer les acheteurs. Par exemple, le modèle Omoda offre une garantie véhicule de 7 ans, tandis que la garantie batterie est étendue à 8 ans. Ces garanties sont importantes pour rassurer les consommateurs qui pourraient encore être hésitants à acheter des véhicules électriques ou hybrides, en raison des préoccupations liées à la durabilité des batteries et aux coûts de remplacement. Les batteries des VE sont souvent un point de tension pour les acheteurs, avec des coûts de remplacement estimés entre 5 000 € et 15 000 €, selon le modèle et la capacité de la batterie.

Chery et la production locale : une stratégie européenne

Pour renforcer sa position en Europe, Chery envisage également de localiser une partie de sa production automobile. L’entreprise est en train d’évaluer des options pour ouvrir une usine en Europe, avec le Royaume-Uni et l’Italie comme sites potentiels. Cette stratégie permettrait à Chery de réduire les coûts d’importation et de mieux répondre aux besoins locaux, tout en contournant les tarifs douaniers élevés imposés par l’Union européenne sur les véhicules produits en Chine.

La localisation de la production est cruciale dans un contexte où l’Union européenne et d’autres pays occidentaux mettent en place des barrières commerciales pour freiner l’importation massive de véhicules chinois. Par exemple, l’UE a récemment augmenté les droits de douane sur les véhicules importés de Chine, afin de protéger les constructeurs automobiles locaux de la concurrence chinoise. Ces tarifs, qui peuvent atteindre 10 % sur certains véhicules, rendent la production locale plus attractive pour des entreprises comme Chery.

En produisant localement, Chery pourrait également réduire son empreinte carbone, un aspect de plus en plus important pour les consommateurs européens sensibles aux enjeux environnementaux. La production locale réduirait les émissions liées au transport des véhicules depuis la Chine, tout en répondant aux normes strictes de l’UE en matière de durabilité industrielle.

Les perspectives d’avenir de Chery sur le marché britannique et européen

L’entrée de Chery sur le marché britannique avec des véhicules à essence et une offre variée de motorisations montre que l’entreprise comprend les dynamiques actuelles du marché. La lenteur de la transition vers les VE et la demande continue pour des véhicules thermiques, notamment dans des segments plus accessibles comme celui des SUV à 25 000 £, montre qu’il existe encore une place pour les véhicules à combustion interne, au moins à court et moyen terme.

Toutefois, à plus long terme, Chery devra intensifier ses efforts dans le domaine des véhicules électriques pour rester compétitive en Europe, où la législation et la demande des consommateurs évoluent rapidement. La clé de la réussite pour Chery résidera dans sa capacité à innover dans le domaine des technologies de batteries, à améliorer l’infrastructure de recharge et à répondre aux exigences croissantes en matière de réduction des émissions de CO2.

Chery devra également continuer à développer son réseau de concessionnaires, avec pour objectif de passer de 60 à 100 points de vente au Royaume-Uni d’ici la fin de l’année. Cette présence locale sera cruciale pour établir la confiance des consommateurs et concurrencer les marques établies. En parallèle, la localisation de la production en Europe pourrait être un levier décisif pour réduire les coûts, améliorer les délais de livraison et répondre aux attentes des consommateurs européens en matière de durabilité.

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