BMW M1

BMW M1 : fiche technique, conception, performances, comparaison concurrentielle, évolution, prix d’occasion et verdict pragmatique. Conçue en 1978, la BMW M1 s’inscrit comme une supercar allemande atypique, fruit d’un projet industriel précis et contraint.

La BMW M1, lancée en 1978, est la seule voiture de sport à moteur central arrière de l’histoire de BMW produite en série. Conçue dans un contexte de repositionnement technique du constructeur, la M1 résulte d’une collaboration avec Lamborghini, vite avortée, et s’impose par une fiche technique rigoureuse. Motorisation six cylindres en ligne, châssis tubulaire, carrosserie en fibre de verre : la M1 ne répond pas aux standards habituels de BMW. Pensée d’abord pour la compétition, la voiture fut contrainte de passer par la case routière pour répondre aux critères d’homologation du Championnat Groupe 4. L’objectif était clair : concevoir une supercar allemande compétitive sur piste comme sur route. Ce modèle reste une exception dans la stratégie du constructeur, rarement reconduite sur d’autres véhicules.

BMW M1

Conception de la BMW M1 : une stratégie technique spécifique

La BMW M1 est issue d’une initiative technique du département BMW Motorsport GmbH, dirigé à l’époque par Jochen Neerpasch. L’objectif était de produire une voiture de sport capable d’homologation Groupe 4, pour rivaliser avec Porsche sur les circuits. Le projet initial reposait sur une fabrication partagée avec Lamborghini, chargée du châssis et de l’assemblage. L’abandon de Lamborghini en cours de projet obligea BMW à restructurer le processus : châssis tubulaire conçu par Gianpaolo Dallara, carrosserie en fibre de verre réalisée par TIR (Italie), assemblage final confié à Baur (Stuttgart).

Le design signé Giorgetto Giugiaro, inspiré du concept BMW Turbo (1972), adopte un langage géométrique, sans effet de style gratuit. Moteur central arrière, transmission manuelle ZF à 5 rapports, suspension indépendante aux 4 roues, freins à disques ventilés, carrosserie légère en fibre de verre, tout répond à une logique d’efficacité.

À cette époque, BMW n’avait jamais produit un modèle moteur central. Ce choix technique s’imposait pour équilibrer les masses (40/60), et se rapprocher des standards compétitifs de l’époque, dominés par les Porsche 935 et Ferrari BB 512. Le développement de la M1 fut donc une réponse industrielle ciblée, non une fantaisie stylistique.

Performance de la BMW M1 : chiffres, conduite et comportement

Le moteur de la BMW M1 est un 6 cylindres en ligne 3,5 L, baptisé M88/1, avec injection Kugelfischer-Bosch et double arbre à cames en tête. Il développe 277 ch à 6 500 tr/min et un couple de 330 Nm à 5 000 tr/min. Ce moteur permet à la M1 d’atteindre une vitesse maximale de 262 km/h. L’accélération de 0 à 100 km/h s’effectue en 5,6 secondes. Ces chiffres étaient compétitifs pour une voiture homologuée route en 1978.

Le poids à vide est de 1 300 kg, soit un rapport poids/puissance de 4,7 kg/ch. La répartition des masses (40/60) associée à une suspension triangulée procure un comportement neutre et précis. La direction est directe, sans assistance, exigeant un pilotage attentif mais lisible.

Le freinage est assuré par quatre disques ventilés de 300 mm, endurants mais sans assistance électronique. Le confort de conduite reste secondaire : bruit moteur élevé, vibrations perceptibles, suspension ferme. L’ergonomie intérieure, minimaliste, privilégie l’essentiel : instrumentation analogique, sièges baquets, commandes mécaniques. En conduite rapide, la M1 affiche une stabilité nette et peu de roulis. Le grip mécanique demeure efficace, même sans aides électroniques.

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Comparaison sur le marché : position face aux concurrentes directes

En 1978, la BMW M1 se confronte à des modèles comparables sur le segment des supercars à moteur central arrière. Face à la Ferrari 512 BB, équipée d’un V12 de 5 litres et 360 ch, la M1 est moins puissante mais plus légère de 150 kg. La 512 BB atteint 280 km/h mais pèse 1 450 kg. Le rapport poids/puissance de la Ferrari est de 4,0 kg/ch, plus favorable, mais son comportement routier est moins équilibré.

Face à la Porsche 911 Turbo (930), la M1 propose une approche plus rigoureuse. La Porsche affiche 300 ch, un 0 à 100 km/h en 5,2 secondes, mais sa moteur arrière provoque un comportement survireur marqué. La M1 offre une stabilité plus linéaire, au détriment d’une puissance moindre.

La Lamborghini Countach LP400 S est un autre concurrent majeur. V12 atmosphérique, 355 ch, 0 à 100 km/h en 5,6 secondes, vitesse de pointe 295 km/h, mais un poids de 1 420 kg. Plus puissante que la M1, mais nettement moins confortable et bien moins stable en conduite rapide.

Sur le segment, la BMW M1 se positionne comme une solution technique intermédiaire : moteur plus accessible à entretenir, comportement plus neutre, mais moins radicale en performances pures que Ferrari ou Lamborghini.

Évolution de la BMW M1 dans le temps

La BMW M1 ne connut pas de déclinaison commerciale directe. Le projet fut interrompu après 453 exemplaires produits, dont 399 versions routières et 54 versions compétition. Le programme Procar, organisé entre 1979 et 1980 en ouverture de Grands Prix de F1, permit à des pilotes comme Lauda ou Piquet de courir en M1.

Le moteur M88 fut réutilisé dans la BMW M635 CSi (286 ch) et la BMW M5 E28 (286 ch). La M1 influença partiellement la conception de la BMW Série 8 E31, mais sans reprendre le concept moteur central. Il faudra attendre la BMW i8 pour revoir une architecture déportée, mais avec motorisation hybride.

BMW n’a jamais réédité une voiture de sport à moteur central arrière thermique, la M1 restant donc un cas isolé dans la gamme.

BMW M1

Prix de l’occasion de la BMW M1

Sur le marché de la collection, la BMW M1 atteint des valeurs élevées. En 2024, les prix observés oscillent entre 550 000 € et 700 000 €, selon état, historique et version. Les modèles Procar compétition dépassent souvent 900 000 €. La rareté du modèle, combinée à la signature Motorsport, explique cette valorisation. À titre de comparaison, une Ferrari 512 BB de la même époque se négocie entre 300 000 € et 500 000 €.

Verdict technique et pragmatique

La BMW M1 n’est ni la plus rapide ni la plus puissante des supercars de son époque. Mais son approche technique pragmatique en fait un objet cohérent. Moteur fiable, équilibre dynamique, maintenance accessible, la M1 reste une voiture de sport exploitable sans contraintes extrêmes. Elle pêche en revanche par un confort spartiate, une direction exigeante, une habitabilité limitée, et des performances dépassées dès la seconde moitié des années 80.

Une Porsche 911 Turbo 964 (1990) offre un comportement plus abouti, un moteur plus puissant (320 ch), un confort supérieur et une polyvalence réelle pour moins de 150 000 € aujourd’hui. Même constat pour une Ferrari 348 TB, plus récente, plus rapide et deux fois moins chère.

La BMW M1 est donc un produit de niche, réservé aux amateurs d’objets techniques rares, mais ne constitue pas un choix pertinent sur le plan strictement dynamique face aux modèles postérieurs.

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