Augmentation des défauts de prêts automobiles aux États-Unis en 15 ans

Les défauts de paiements sur les prêts automobiles aux États-Unis atteignent des sommets, mais leur impact systémique reste limité. Analyse des données.

Les défauts de paiements sur les prêts automobiles aux États-Unis sont en augmentation, atteignant leur plus haut niveau depuis 2009 pour les prêts subprimes, et un niveau record pour les prêts prime. Ce phénomène soulève des inquiétudes, mais selon plusieurs experts, il n’y a pas de raison de paniquer. Les taux de défaut n’ont pas encore eu d’effet significatif sur les pertes nettes, et les investisseurs restent confiants. Le marché des prêts automobiles, bien que touché par la hausse de l’inflation et les tensions sur l’emploi, ne semble pas présenter de risques systémiques comparables à la crise financière de 2008. Cet article analyse les données pour mieux comprendre la situation.

L’augmentation des défauts de paiements : un signal d’alarme ou une tendance normale ?

Le taux de défauts de paiements des prêts automobiles aux États-Unis est en hausse, atteignant un record de 5,98 % pour les prêts subprimes en juillet 2023. Ce chiffre, en augmentation de 0,1 point de pourcentage, est le plus élevé depuis 2009, en dehors de la période de la crise financière mondiale. Cependant, il est important de noter que les prêts subprimes ne représentent que 16 % des prêts automobiles aux États-Unis. Cela limite leur impact global sur le marché.

De plus, les prêts prime, traditionnellement plus sûrs, enregistrent également une augmentation des défauts, avec un taux de 0,62 %, proche du pic de 0,71 % observé en juin 2009. Cette augmentation, bien que préoccupante, reste modérée et ne semble pas affecter directement les taux de perte nette sur ces prêts. Les ménages ayant un bon crédit choisissent de reprendre leurs paiements avant que leur véhicule ne soit saisi, ce qui explique en partie cette résilience. En effet, les taux de pertes nettes sur les prêts automobiles n’ont pas augmenté au même rythme que les défauts de paiements, ce qui suggère une certaine stabilité du marché.

Le rôle des investisseurs et des ABS (asset-backed securities)

Les investisseurs du marché des titres adossés à des actifs (ABS), qui suivent les pertes plutôt que les défauts de paiements, ne semblent pas particulièrement préoccupés par la situation actuelle. Bien que les écarts des spreads sur les ABS automobiles se soient légèrement élargis ces derniers mois, ils restent bien en dessous de la moyenne à long terme de 1,12 %. Actuellement, ces spreads sont à environ 0,56 %, soit la moitié de la moyenne historique, ce qui indique que le risque perçu par les investisseurs reste faible.

Le fait que les investisseurs restent relativement calmes face à l’augmentation des défauts s’explique par plusieurs facteurs. Premièrement, les pertes nettes sur les prêts restent faibles, même si les taux de défaut augmentent. Deuxièmement, les nouvelles émissions de prêts sont généralement bien surveillées, avec des standards de prêt qui restent rigides pour éviter une expansion incontrôlée du crédit. Les investisseurs restent confiants dans la capacité des institutions financières à gérer les risques associés à ce type de prêts, et les prêts prime récents montrent des taux de défauts légèrement supérieurs aux anciennes générations, mais restent dans des niveaux gérables.

Augmentation des défauts de prêts automobiles aux États-Unis en 15 ans

L’impact limité du marché des prêts automobiles sur le secteur bancaire

Les prêts automobiles ne représentent que 4 % du total des prêts bancaires aux États-Unis, un chiffre relativement faible par rapport à d’autres formes de crédit. Cette proportion montre que, même si le secteur automobile connaît des difficultés, il est peu probable que cela entraîne des perturbations systémiques dans le secteur bancaire.

Par ailleurs, la structure du marché des prêts automobiles a considérablement évolué au cours des dernières années. Les banques américaines et les coopératives de crédit se sont retirées progressivement du marché, laissant place à des sociétés de financement captif, où les constructeurs automobiles eux-mêmes fournissent les prêts via des filiales spécialisées. Ces sociétés captives représentent aujourd’hui environ un tiers du marché des prêts automobiles, ce qui montre une concentration croissante des acteurs non bancaires dans ce domaine. Cela permet de répartir le risque loin des institutions bancaires traditionnelles.

Ainsi, même si le secteur automobile est confronté à des difficultés économiques dues à une inflation élevée et à une détérioration du marché de l’emploi, son impact sur le système bancaire reste limité. Ce type de prêts, en tant que proportion du portefeuille de crédit des banques, est trop faible pour causer des problèmes systémiques comparables à la crise financière mondiale de 2008.

Une consommation qui reste soutenue malgré la hausse des défauts

Malgré la hausse des défauts de paiements sur les prêts automobiles, il est intéressant de noter que la croissance du crédit à la consommation aux États-Unis reste positive. Selon des données récentes de Bloomberg, le solde net du crédit à la consommation a continué d’augmenter au cours des trois derniers mois. Cela indique que, malgré des conditions économiques plus difficiles, les ménages continuent d’emprunter et de consommer, soutenant ainsi l’économie américaine.

Cette tendance est également observée dans le domaine des véhicules d’occasion, où la demande a chuté après un pic causé par la pandémie, mais reste toujours soutenue. Cette résilience du crédit à la consommation montre que, même si certains consommateurs sont en difficulté, la majorité des ménages continuent de rembourser leurs prêts, réduisant ainsi le risque de pertes majeures pour les prêteurs. Cela reflète un certain niveau de confiance dans l’économie américaine, même si des pressions inflationnistes et des tensions sur le marché de l’emploi persistent.

Vers un retour à la normale ou des ajustements nécessaires ?

Bien que les défauts de paiements sur les prêts automobiles soient en augmentation, il n’y a pas encore de signes indiquant que cette situation pourrait se transformer en une crise systémique. Les investisseurs restent confiants, les spreads sur les ABS restent bas et les pertes nettes sur les prêts restent sous contrôle. Le marché des prêts automobiles, bien que touché par les tensions économiques actuelles, continue de fonctionner avec une certaine résilience.

Cependant, il reste à voir si cette hausse des défauts se poursuivra à moyen terme, surtout si les conditions économiques se détériorent davantage. Les constructeurs automobiles devront peut-être réévaluer leurs politiques de financement, en particulier face à des incitations à court terme comme celles observées récemment avec les offres de financement de Tesla à taux réduit. L’évolution de la situation nécessitera une surveillance continue pour éviter que des pratiques de lending excessivement laxistes ne créent des risques à plus long terme.

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