Laraki Fulgura (2003-2005)

Analyse technique de la Laraki Fulgura (2003), supercar marocaine de 600 ch, performances, design, rareté et comparaison avec ses rivales.

La Laraki Fulgura : une supercar marocaine ambitieuse

En 2003, la Laraki Fulgura a été présentée comme la première supercar marocaine. Conçue par Abdeslam Laraki, elle visait à rivaliser avec les références européennes. Dotée d’un moteur V8 Mercedes suralimenté de 600 ch, elle promettait des performances élevées. Malgré des ambitions claires, sa production est restée très limitée. Cet article examine en détail sa conception, ses performances, sa position sur le marché, son évolution et sa valeur actuelle.

Laraki Fulgura (2003-2005)

Conception de la Laraki Fulgura : un projet audacieux

La Laraki Fulgura est le fruit d’un projet initié à Casablanca par Abdeslam Laraki, designer industriel marocain formé en Suisse chez Franco Sbarro. Fondée en 1999, Laraki Automobiles s’est rapidement positionnée sur le segment très restreint des supercars artisanales. Le prototype de la Fulgura est présenté pour la première fois au Salon de Genève 2002. Ce modèle reposait alors sur un châssis modifié de Lamborghini Diablo, acheté en épave et reconstruit pour accueillir une motorisation Mercedes. Dès 2003, le châssis initial est abandonné au profit d’un châssis en aluminium spécifique, développé en interne.

La carrosserie, conçue entièrement en fibre de carbone, est longue de 4 400 mm, large de 2 025 mm, et haute de 1 130 mm, pour un empattement de 2 650 mm. Le style mélange des références visibles à la Ferrari 360 Modena pour les proportions et à la Lamborghini Diablo pour les prises d’air latérales, tout en intégrant des éléments distinctifs, comme les optiques avant en forme de trapèze et les sorties d’échappement empilées.

L’intérieur de la Fulgura se voulait sobre mais technique, intégrant des sièges baquets recouverts de cuir, une instrumentation analogique et une console centrale minimaliste. Aucun système d’infodivertissement n’était prévu. L’orientation était clairement sportive.

Le prix annoncé à sa sortie tournait autour de 400 000 €, ce qui plaçait la Fulgura dans une zone tarifaire proche de la Pagani Zonda ou de la Ferrari Enzo, sans bénéficier de leur réseau ni de leur expérience industrielle.

Performances de la Laraki Fulgura : chiffres clés

La Laraki Fulgura repose sur un moteur V8 Mercedes-Benz M113 de 5,4 litres, équipé d’un compresseur volumétrique, développant 600 chevaux à 6 300 tr/min pour un couple maximal de 730 Nm. Ce moteur est couplé à une boîte séquentielle à 6 rapports, avec un entraînement aux roues arrière. L’ensemble permet un 0 à 100 km/h en 3,8 secondes et une vitesse maximale annoncée de 330 km/h. Ces chiffres la plaçaient au niveau des supercars européennes de la même période.

Le véhicule affiche un poids à vide de 1 350 kg, soit un rapport poids/puissance de 443 ch/tonne, supérieur à celui de la Lamborghini Murciélago (408 ch/tonne). La carrosserie en fibre de carbone et le châssis en aluminium ont permis de limiter la masse tout en conservant une rigidité satisfaisante pour des performances dynamiques.

La Fulgura utilise un système de freinage Brembo, avec disques ventilés de 355 mm à l’avant et 320 mm à l’arrière. Le mordant et la résistance à l’échauffement étaient cohérents avec la puissance. Les jantes de 19 pouces sont montées en 235/35 R19 à l’avant et 335/25 R19 à l’arrière, assurant une bonne motricité, notamment en sortie de courbe.

La direction assistée hydraulique et la suspension à double triangulation apportent une certaine précision de conduite. Toutefois, l’absence d’aides électroniques (pas d’ABS évolué, ni contrôle de stabilité) rend la voiture difficile à exploiter à la limite, surtout sur route ouverte.

Laraki Fulgura (2003-2005)

Comparaison sur le marché : la Fulgura face à ses rivales

En 2003, la Laraki Fulgura entrait sur un segment dominé par des marques disposant d’un savoir-faire reconnu et d’un réseau structuré. Elle visait directement les supercars de l’époque telles que la Lamborghini Murciélago, la Ferrari Enzo et la Pagani Zonda C12 S.

La Murciélago, dotée d’un V12 de 6,2 litres développant 580 ch et pesant 1 650 kg, atteignait 330 km/h, avec une accélération de 0 à 100 km/h en 3,8 secondes. Son prix de base était de 250 000 €. La Ferrari Enzo, de son côté, proposait un V12 atmosphérique de 6 litres, 660 ch, pour un poids de 1 365 kg. Elle abattait le 0 à 100 km/h en 3,6 secondes, pour une vitesse de pointe de 350 km/h, et un tarif de 650 000 €.

Face à ces modèles, la Fulgura affichait 600 ch pour 1 350 kg, un 0 à 100 km/h équivalent à la Murciélago, mais à un prix de 400 000 €, soit plus élevé que la Lamborghini, et sans la notoriété ni la fiabilité d’un constructeur historique. Quant à la Pagani Zonda C12 S, avec ses 555 ch pour 1 280 kg, elle proposait une finition plus aboutie et un comportement routier déjà validé par les essais presse.

La Fulgura restait compétitive sur le plan technique mais l’absence de validation en compétition, de garantie commerciale claire et de services après-vente rendait son acquisition risquée pour un client exigeant.

Évolution de la Laraki Fulgura : des prototypes à l’oubli

Après 2003, Laraki a présenté plusieurs versions de la Fulgura, notamment une version restylée en 2005 avec un moteur V12 de 6,2 litres développant 660 ch. Malgré ces évolutions, la production est restée très limitée, avec seulement 4 à 5 exemplaires construits.

En 2013, Laraki a dévoilé l’Epitome, une supercar de 1 200 ch, mais elle est restée à l’état de concept. Depuis, la marque s’est orientée vers la conception de yachts, abandonnant le secteur automobile.

Laraki Fulgura (2003-2005)

Prix de l’occasion : une rareté difficile à estimer

La rareté extrême de la Fulgura rend son estimation sur le marché de l’occasion complexe. Avec seulement quelques exemplaires produits, les transactions sont quasi inexistantes. Toutefois, des sources mentionnent un prix de départ initial autour de 400 000 € . En l’absence de ventes récentes, il est difficile de déterminer une valeur actuelle précise.

Notre verdict : une ambition freinée par la réalité

La Laraki Fulgura est le résultat d’une tentative isolée de produire une supercar performante en dehors des circuits industriels habituels. Les données techniques sont cohérentes : 600 ch, 330 km/h, 1 350 kg, un châssis allégé, un freinage Brembo et une carrosserie en fibre de carbone. Sur le papier, les fondamentaux sont solides. Mais l’absence de développement approfondi, de validation sur circuit et de retours clients ne permet pas de juger pleinement du comportement dynamique du véhicule à haute vitesse ou dans des conditions exigeantes.

La production extrêmement limitée (moins de 5 exemplaires) empêche tout retour d’expérience structuré. Aucun test comparatif sérieux n’a été réalisé par la presse spécialisée. Le positionnement tarifaire à 400 000 €, supérieur à celui d’une Lamborghini Murciélago mieux dotée en technologies et garantie constructeur, est difficile à défendre. L’intérieur était sommaire, l’ergonomie discutable, et aucun équipement d’aide à la conduite n’était proposé.

La Fulgura ne peut être considérée comme une alternative rationnelle aux supercars du marché en 2003. Elle s’adresse uniquement à un collectionneur averti, sensible à la rareté et à l’approche artisanale du produit. À prix équivalent, une Ferrari 575M Maranello, une Porsche Carrera GT ou une Pagani Zonda offraient des prestations routières validées, une fiabilité supérieure et une revente envisageable. En dehors de l’exotisme de son origine, la Fulgura n’apporte pas de justification concrète à son tarif et à ses prétentions techniques. Le projet n’a jamais dépassé le stade du prototype coûteux.

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