Tarifs européens : GAC pivote vers hybrides et production locale

Analyse des tarifs européens sur les VE chinois : GAC ajuste sa stratégie avec des hybrides et une production locale en Europe dès 2025.

La hausse des tarifs douaniers européens sur les véhicules électriques (VE) chinois, atteignant jusqu’à 45,3 % en octobre 2024, force GAC, constructeur étatique chinois, à revoir sa stratégie. Initialement axée sur l’export de VE purs depuis ses usines chinoises pour son lancement en Europe prévu en avril 2025, la marque Aion subit une pression majeure. GAC envisage désormais de produire localement dans l’Union européenne (discussions avec l’Espagne, la Pologne, l’Italie et la Hongrie) et de diversifier son offre avec des hybrides rechargeables et des véhicules à prolongateur d’autonomie, moins impactés par les taxes. En parallèle, les ventes en Chine ralentissent, et les coentreprises avec Honda et Toyota rapportent moins, accentuant les défis financiers.

Contexte des tarifs européens sur les VE chinois

En octobre 2024, l’Union européenne a imposé des tarifs douaniers sur les VE importés de Chine, allant de 17 % à 45,3 %, après une enquête sur les subventions étatiques jugées déloyales par la Commission européenne. Pour GAC, classé parmi les constructeurs les plus taxés, cette mesure complique son entrée sur le marché européen. Selon des données de la China Passenger Car Association (CPCA), les exportations chinoises de VE purs ont chuté de 67 % en novembre 2024, juste après l’application des tarifs, tandis que celles des hybrides rechargeables ont bondi de 83 %. Ces chiffres montrent une réorientation rapide du marché. GAC doit donc ajuster son offre pour inclure des modèles hybrides, moins taxés, tout en accélérant ses plans de production locale pour contourner ces coûts. Cette situation reflète une tension croissante entre l’Europe, qui protège son industrie automobile, et les constructeurs chinois cherchant à s’implanter.

Tarifs européens : GAC pivote vers hybrides et production locale
Concept GAC

Stratégie initiale de GAC pour l’Europe

GAC avait planifié son entrée en Europe il y a trois ans, visant un lancement en avril 2025 sous la marque Aion, axée sur les VE purs produits en Chine. L’objectif était de capter une part du marché européen, où les ventes de VE ont représenté 14,6 % des immatriculations en 2023 selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Deux modèles étaient prévus : l’Aion V, un SUV électrique, et l’Aion UT, une compacte. Le marché européen semblait alors accessible, avec une demande croissante pour les VE (environ 2 millions d’unités vendues en 2023). Cependant, l’absence de tarifs élevés à l’époque a conduit GAC à sous-estimer les barrières réglementaires. Aujourd’hui, face aux 45,3 % de taxes, l’importation directe devient prohibitive, obligeant l’entreprise à repenser son modèle économique pour rester compétitive face à des acteurs locaux comme Volkswagen ou Stellantis, qui produisent sur place.

Pivot vers les hybrides et production locale

Pour contourner les tarifs, GAC mise sur les hybrides rechargeables et les véhicules à prolongateur d’autonomie, moins impactés par les taxes. En parallèle, l’entreprise négocie avec quatre pays européens – Espagne, Pologne, Italie, Hongrie – pour établir une usine locale. Produire en Europe permettrait d’éviter les droits de douane et de réduire les coûts logistiques. Selon Reuters, des concurrents comme BYD (usine en Hongrie) et Chery (en Espagne) adoptent des stratégies similaires. Une production locale pourrait aussi répondre aux exigences européennes en matière de normes et d’emploi. Par exemple, une usine en Pologne, où le coût de main-d’œuvre est d’environ 10 €/heure contre 30 €/heure en Allemagne, offrirait un avantage économique. Cependant, cela nécessite des investissements initiaux massifs, estimés à plusieurs centaines de millions d’euros, un défi alors que les finances de GAC sont sous pression.

Tarifs européens : GAC pivote vers hybrides et production locale

Défis financiers et ralentissement en chine

GAC a vendu 2 millions de véhicules en 2023, dont 375 000 sous la marque Aion, mais ses ventes en Chine, qui représentent la majorité de son chiffre d’affaires, ralentissent. Les coentreprises avec Honda et Toyota, historiquement lucratives, voient leurs bénéfices fondre : GAC a annoncé une baisse de profits de 73 à 82 % en 2024, due à une concurrence accrue et à un déclin des ventes de véhicules thermiques. Selon Li Yanwei de la China Automobile Dealers Association, ces coentreprises ne peuvent plus financer les pertes de la division VE. Ce contexte limite les ressources pour investir en Europe, où GAC doit concurrencer des acteurs établis comme Tesla (leader avec 19 % de part de marché VE en Europe en 2023) et des constructeurs locaux bénéficiant de subventions nationales.

Conséquences pour le marché automobile européen

Les tarifs européens pourraient ralentir l’entrée des VE chinois à court terme, protégeant les constructeurs locaux. Cependant, une production locale par GAC et d’autres (comme BYD) risque d’intensifier la concurrence. Les VE chinois, souvent vendus à des prix inférieurs (par exemple, l’Aion V pourrait coûter autour de 30 000 € contre 40 000 € pour un Volkswagen ID.4), pourraient capter des parts de marché, surtout dans le segment des véhicules abordables. À long terme, cela pourrait accélérer la transition vers l’électrique en Europe, mais au prix d’une pression accrue sur les marges des constructeurs européens, déjà confrontés à des coûts élevés pour développer leurs propres VE.

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