Les constructeurs misent sur les véhicules hybrides et thermiques pour soutenir leurs profits
Les investissements se poursuivent dans les véhicules à moteur à combustion et hybrides en attendant que les véhicules électriques deviennent majoritaires.
Face à la transition vers les véhicules électriques (VE), les constructeurs automobiles réévaluent leurs stratégies. Des entreprises comme Mercedes-Benz, General Motors et Porsche investissent dans de nouveaux modèles hybrides et à moteur thermique pour maintenir leurs marges bénéficiaires. Cette approche est motivée par la rentabilité actuelle des véhicules hybrides et thermiques, les défis liés aux coûts de production des VE et les incertitudes concernant l’adoption rapide des VE par les consommateurs. Les prévisions indiquent une augmentation de 9 % des lancements de nouveaux modèles hybrides et thermiques en 2025 par rapport à 2024.
Les constructeurs automobiles réorientent leurs investissements
Dans un contexte où la transition vers les véhicules électriques (VE) est en pleine expansion, les constructeurs automobiles réévaluent leurs stratégies d’investissement. Des entreprises majeures telles que Mercedes-Benz, General Motors et Porsche ont récemment annoncé des plans pour développer de nouveaux modèles hybrides et à moteur à combustion interne (ICE). Cette décision vise à maintenir des marges bénéficiaires solides tout en répondant aux exigences réglementaires croissantes en matière d’émissions.

Selon les données de S&P Global Mobility, les lancements mondiaux de nouveaux modèles ICE et hybrides devraient augmenter de 9 % en 2025 par rapport à 2024. Plus précisément, 205 modèles à essence sont prévus, représentant une diminution de 4 % par rapport à l’année précédente, tandis que les lancements de modèles hybrides devraient croître de 43 % pour atteindre 116 modèles. Cette tendance souligne l’engagement des constructeurs à diversifier leurs offres pour répondre aux différentes demandes du marché.
Mercedes-Benz, par exemple, a dévoilé des plans pour lancer 19 véhicules à essence et 17 véhicules électriques à batterie entre 2025 et 2027. Cette stratégie équilibrée reflète une approche prudente face à l’évolution du marché des VE. Ola Källenius, le PDG de Mercedes-Benz, a déclaré : « Si vous ne croyez pas que les conditions du marché seront dominées par l’électrique en 2030, il ne serait pas économiquement logique de simplement abandonner votre activité ICE très saine et rentable. »
La rentabilité des véhicules hybrides et thermiques
Les véhicules hybrides, qui combinent un moteur électrique et un moteur à combustion interne, offrent une rentabilité attractive pour les constructeurs automobiles. Cette rentabilité est en partie due à des coûts de production moins élevés par rapport aux VE, principalement en raison du prix élevé des batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques. De plus, les hybrides répondent à une demande croissante des consommateurs pour des options de transport plus écologiques sans les contraintes actuelles liées à l’infrastructure de recharge des VE.
En 2023, près d’une voiture sur cinq vendues dans le monde était à motorisation électrique, avec des ventes approchant les 14 millions d’unités. Cependant, cette adoption varie considérablement selon les régions. Par exemple, la Chine a connu une augmentation significative de la demande, avec les véhicules électriques et hybrides représentant 47 % des ventes en 2024, contre seulement 6 % cinq ans plus tôt. En revanche, l’Europe a enregistré une légère baisse de 3 % des ventes de VE en 2024, totalisant 3 millions d’unités. Cette disparité souligne l’importance pour les constructeurs de maintenir une gamme diversifiée de véhicules pour s’adapter aux préférences régionales et aux infrastructures disponibles.
Les défis de la transition vers le tout électrique
La transition vers une flotte entièrement électrique présente plusieurs défis pour les constructeurs automobiles. Les coûts de production des VE restent supérieurs à ceux des véhicules thermiques, principalement en raison du prix des batteries. Bien que des efforts soient en cours pour réduire ces coûts, les marges bénéficiaires sur les VE sont actuellement moins élevées. Harald Wilhelm, directeur financier de Mercedes-Benz, a indiqué que le groupe travaille à réduire le coût des VE de plus de 15 %, ce qui réduirait l’écart avec les véhicules à combustion. Cependant, il a ajouté qu’en ce qui concerne la fermeture complète de cet écart, « nous ne voulons pas promettre des choses que nous ne pouvons pas réaliser ».
De plus, l’infrastructure de recharge pour les VE n’est pas encore suffisamment développée dans de nombreuses régions, ce qui peut dissuader les consommateurs potentiels. Les temps de recharge, la disponibilité des stations et la standardisation des technologies sont autant de facteurs qui influencent la décision d’achat. Par conséquent, les véhicules hybrides offrent une solution intermédiaire, permettant aux conducteurs de bénéficier d’une propulsion électrique pour les trajets courts tout en conservant la flexibilité d’un moteur à combustion pour les distances plus longues.
Conséquences pour l’industrie automobile
L’engagement continu envers les véhicules hybrides et thermiques a plusieurs implications pour l’industrie automobile. D’une part, cela permet aux constructeurs de générer des revenus stables tout en investissant dans la recherche et le développement de technologies électriques. D’autre part, cela pourrait ralentir l’adoption des VE si les consommateurs perçoivent les hybrides comme une alternative suffisante.
Les régulateurs jouent également un rôle crucial. L’Union européenne prévoit d’interdire la vente de nouveaux véhicules à moteur à combustion interne d’ici 2035, ce qui pousse les constructeurs à adapter leurs stratégies en conséquence. Cependant, des appels à la flexibilité dans ces réglementations ont été lancés, certains acteurs de l’industrie estimant que les objectifs actuels pourraient être trop ambitieux compte tenu des réalités du marché et des infrastructures.
Perspectives futures
Alors que la technologie des batteries continue de progresser et que les coûts de production des VE diminuent, il est probable que l’adoption des véhicules électriques s’accélère. Une étude du Boston Consulting Group estime que les véhicules électriques représenteront plus de 50 % des ventes mondiales d’ici 2035, contre environ 20 % aujourd’hui. Toutefois, cette transition ne sera pas uniforme. Les marchés asiatiques et européens avanceront plus rapidement que l’Amérique du Nord, où les infrastructures et la politique énergétique influencent fortement l’adoption des VE.
Dans ce contexte, les constructeurs automobiles devront équilibrer leurs investissements entre plusieurs technologies pour répondre à la demande de chaque marché. Volkswagen, qui prévoyait initialement d’arrêter la vente de véhicules thermiques en Europe d’ici 2033, remet désormais en question ce calendrier. Selon un cadre du groupe, « il serait absurde d’arrêter la production si les clients continuent d’en vouloir ».
Les stratégies des entreprises seront donc cruciales pour garantir la rentabilité à court terme tout en se positionnant pour l’avenir. General Motors, par exemple, a récemment renforcé son offre de véhicules hybrides et thermiques, tout en continuant d’élargir sa gamme électrique, notamment avec le Chevrolet Equinox EV. En Chine, BYD et Geely, leaders du marché des VE, continuent d’investir dans l’électrification mais proposent aussi des modèles hybrides, répondant ainsi aux besoins d’un public encore divisé entre le thermique et l’électrique.

Un avenir automobile à plusieurs vitesses
Les décisions actuelles des constructeurs automobiles montrent que le passage à l’électrique ne sera pas immédiat et uniforme. Si certains marchés accélèrent leur transition vers les VE, d’autres nécessitent une approche plus graduelle.
Les constructeurs doivent donc maintenir un équilibre entre rentabilité et innovation. La popularité des véhicules hybrides, qui offrent un compromis entre performance, coût et impact environnemental, pourrait leur permettre de générer des profits tout en réduisant progressivement les émissions de CO₂.
Les consommateurs, quant à eux, restent attentifs à plusieurs facteurs : le prix d’achat, les coûts d’entretien, les infrastructures de recharge et l’évolution de la réglementation. Tant que les véhicules électriques resteront plus coûteux à produire, le marché des hybrides et des moteurs thermiques continuera d’exister. L’avenir de l’industrie automobile dépendra donc de l’évolution des technologies et des choix politiques qui façonneront la mobilité de demain.