La Chine a déjà gagné le marché du véhicule électrique

La montée des véhicules électriques chinois bouleverse l’industrie mondiale. Tarifs, emplois et innovation : quelles stratégies adopter face à ce changement ?

La Chine domine le marché des véhicules électriques (VE) grâce à une chaîne d’approvisionnement simplifiée, des coûts réduits et une main-d’œuvre technique abondante. Cela met sous pression les constructeurs historiques, contraints de repenser leurs modèles économiques et industriels. Les mesures protectionnistes comme les tarifs douaniers ou les subventions s’avèrent inefficaces sur le long terme face à la compétitivité chinoise. L’avenir de l’automobile réside dans les batteries et les logiciels, secteurs où la Chine excelle déjà. La clé pour les constructeurs traditionnels : se concentrer sur l’innovation dans des domaines complémentaires comme la sécurité, le confort et les technologies embarquées.

Chine voiture électrique

Le poids croissant des véhicules électriques chinois

La Chine s’impose comme un acteur incontournable sur le marché des véhicules électriques. En 2023, plus de 50 % des VE vendus dans le monde provenaient de fabricants chinois comme BYD, Nio ou Xpeng. Avec un coût de production inférieur de 20 à 40 % par rapport à leurs concurrents européens ou américains, ces constructeurs capturent leur marché local et s’attaquent désormais à l’exportation.

L’exemple de Volkswagen, qui envisage de fermer des usines en Allemagne, illustre la pression exercée par cette dynamique. Avec une adoption rapide des VE, la Chine détient une avance grâce à ses capacités de production massives, sa maîtrise des technologies liées aux batteries et ses politiques de soutien industriel. Les fabricants traditionnels doivent non seulement faire face à la transition énergétique, mais aussi à un adversaire extrêmement compétitif.

La simplicité des véhicules électriques : un bouleversement industriel

Les VE, décrits comme des « batteries sur roues », simplifient drastiquement la fabrication automobile. Contrairement aux moteurs thermiques, composés de plus de 2 000 pièces mobiles, un moteur électrique en compte moins de 20. Cela réduit la complexité de la chaîne de production, favorisant les pays à forte capacité industrielle comme la Chine.

Le marché des batteries, représentant 40 % du coût total d’un VE, est désormais le cœur de la valeur ajoutée. Avec une capacité annuelle de production de plus de 1 000 GWh, la Chine contrôle près de 70 % de la production mondiale de batteries lithium-ion. Cette dominance pose des défis aux constructeurs occidentaux qui doivent importer ces composants essentiels, augmentant ainsi leurs coûts et leur dépendance.

L’inefficacité des tarifs douaniers et subventions

Les politiques protectionnistes, comme les tarifs douaniers imposés par l’Union européenne sur les VE chinois en 2023, ont montré leurs limites. Bien que ces mesures visent à protéger les marchés domestiques, elles ne résolvent pas les problèmes fondamentaux de compétitivité. Les cas des panneaux solaires en Europe ou des subventions pour les batteries aux États-Unis soulignent l’échec des stratégies qui ne s’attaquent pas aux coûts structurels.

Par exemple, malgré des subventions de 369 milliards de dollars prévues dans l’Inflation Reduction Act aux États-Unis, les constructeurs locaux peinent à rivaliser avec les coûts de production chinois. Cela soulève la question : comment les constructeurs occidentaux peuvent-ils rester compétitifs dans un marché où la réduction des coûts est cruciale ?

Le rôle stratégique des logiciels dans l’avenir de l’automobile

Avec l’émergence de technologies comme la conduite autonome, la valeur ajoutée de l’industrie automobile migre vers les logiciels et services numériques. Le marché des logiciels automobiles est estimé à 300 milliards d’euros d’ici 2030, offrant une opportunité stratégique pour les entreprises capables d’innover dans ces domaines.

Cependant, des acteurs technologiques comme Tesla, ou même des entreprises chinoises, dominent déjà ce segment. Par exemple, BYD développe des solutions intégrées pour ses véhicules, combinant hardware et software pour réduire les coûts tout en augmentant la performance. Les constructeurs traditionnels devront intensifier leurs investissements dans ces technologies pour rester compétitifs.

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Conséquences sur l’emploi et les stratégies à adopter

La transition vers les VE bouleverse les chaînes de valeur traditionnelles et menace des millions d’emplois dans les industries liées aux moteurs thermiques. En Allemagne, l’industrie automobile emploie environ 800 000 personnes, dont une grande partie dans la fabrication de moteurs. Avec la simplification des VE, ces emplois sont en danger.

Pour atténuer cet impact, les constructeurs pourraient se concentrer sur des segments complémentaires comme la conception de systèmes de sécurité, d’interfaces utilisateur et de technologies embarquées. Cela nécessitera toutefois des investissements massifs dans la formation et la reconversion des travailleurs.

Une redéfinition de l’industrie automobile

La montée des véhicules électriques chinois illustre un bouleversement industriel majeur, combinant transition énergétique et compétitivité économique. Les constructeurs traditionnels doivent repenser leurs stratégies pour s’adapter à cette nouvelle réalité. La clé réside dans l’innovation technologique, notamment dans les logiciels, et une réorganisation des chaînes de valeur pour mieux exploiter les opportunités offertes par cette révolution. Ignorer ces changements reviendrait à s’exclure d’un marché en pleine mutation.

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