Vers moins de choix de voitures en Europe

La transition vers les véhicules électriques pourrait réduire le choix et la disponibilité de véhicules en Europe, alors que les fabricants se concentrent sur l’offre et la demande.

La transition vers les véhicules électriques (EV) entraîne des bouleversements importants dans le secteur automobile au Royaume-Uni. Avec l’évolution des modèles de vente des constructeurs et la pression croissante pour respecter les objectifs de véhicules à émissions zéro (ZEV), le choix et la disponibilité des modèles pourraient être limités dans les années à venir. En 2027, un tournant est attendu, avec une diminution significative des ventes de véhicules à combustion interne et une augmentation substantielle des véhicules électriques. Les conséquences sur le marché de l’automobile seront majeures, avec un impact sur les consommateurs et les opérateurs de flotte.

La transition vers les véhicules électriques : une offre de modèles en réduction ?

La transition vers les véhicules électriques est au cœur des stratégies des constructeurs automobiles. Cependant, cette évolution pourrait avoir des conséquences inattendues sur la disponibilité des modèles et la diversité des offres. Selon le rapport de Cox Automotive’s Insight Quarterly (IQ), la réduction de l’exposition des fabricants au marché britannique pourrait se traduire par une diminution des choix pour les consommateurs. En effet, les constructeurs traditionnels sont confrontés à une compétition accrue de la part de nouveaux entrants sur le marché des véhicules électriques, ce qui les pousse à revoir leurs modèles de production et de distribution.

Avec l’adoption du modèle de vente par agence, les fabricants cherchent à obtenir une transparence financière accrue, ce qui retarde souvent sa mise en place. Ce passage d’un modèle de vente basé sur l’offre (« push ») à un modèle basé sur la demande (« pull ») pourrait engendrer une réduction de la disponibilité des véhicules, car les constructeurs se concentrent davantage sur l’adéquation entre l’offre et la demande. Ainsi, les consommateurs pourraient être confrontés à des délais plus longs pour l’achat de certains modèles, ou à une limitation des choix en termes de motorisation ou d’équipements.

L’évolution vers les véhicules électriques est également marquée par une forte dépendance aux importations. En 2023, près de 90 % des nouvelles immatriculations au Royaume-Uni provenaient de l’importation, soit un total de 1,72 million d’unités, enregistrant une augmentation de 18,6 % par rapport à 2022. Cette dépendance signifie que toute décision globale des constructeurs a un impact direct sur la disponibilité des véhicules pour les consommateurs britanniques. Le contexte actuel pousse ainsi les OEM à aligner la production avec les objectifs ambitieux de ZEV, tout en limitant l’exposition aux pénalités en cas de non-respect des quotas.

Performances des ventes et objectifs zéro émission

Les objectifs de véhicules à émissions zéro (ZEV) imposés par la loi britannique jouent un rôle central dans l’évolution du marché. Depuis janvier, ces objectifs prévoient que les véhicules à émissions nulles représentent 22 % des nouvelles immatriculations de voitures et 10 % des nouvelles ventes de camionnettes des OEM, sous peine de 15 000 livres sterling de sanction par véhicule non conforme. Ces proportions augmenteront progressivement jusqu’à atteindre 80 % des voitures et 70 % des camionnettes d’ici 2030.

Cependant, les constructeurs disposent de plusieurs stratégies pour répondre à ces objectifs, sans nécessairement accélérer le passage aux véhicules à émissions zéro. Certains OEM préfèrent concentrer leurs efforts sur des accords de compensation ou des mécanismes de crédits d’émissions, en se basant sur les cycles d’investissement en produit et la demande incertaine en véhicules électriques. Ces mécanismes visent à réduire les risques financiers liés aux investissements dans les nouvelles technologies et à éviter des pénalités en cas de sous-performance des ventes.

Malgré la forte pression de l’industrie pour ajuster les objectifs à la réalité du marché, les autorités britanniques ont jusqu’à présent maintenu des exigences strictes. Le ZEV Mandate vise ainsi non seulement à réduire les émissions de CO2, mais aussi à encourager la production locale et l’investissement dans les infrastructures de recharge. Les discussions actuelles entre les responsables politiques et les constructeurs visent à clarifier la feuille de route, mais un assouplissement des exigences semble peu probable pour l’instant.

Vers moins de choix de voitures en Europe

Le tournant de 2027 : projections et perspectives

Selon les prévisions de Cox Automotive, l’année 2027 marquera un point de bascule pour l’industrie automobile britannique, avec une adoption massive des véhicules électriques. D’ici là, les ventes de véhicules à combustion interne (ICE) vont diminuer de manière significative, avec une baisse prévue des ventes de diesel et de véhicules hybrides légers (MHEV). Les immatriculations de diesel et MHEV devraient chuter de 6 % en 2024 à 3 % en 2027, soit une diminution de 56,8 %. Les véhicules essence/MHEV passeront de 51 % à 35 %, tandis que les véhicules électriques à batterie (BEV) augmenteront de 21 % à 34 %, soit une progression de 165,4 %.

Cette transformation radicale de la composition du parc automobile est alimentée par des objectifs environnementaux et une demande croissante en véhicules plus respectueux de l’environnement. Les immatriculations de véhicules hybrides rechargeables (PHEV) et hybrides (HEV) devraient également augmenter, passant de 22 % à 28 % d’ici 2027. Le basculement vers une majorité de véhicules électriques reflète une tendance mondiale qui pousse les constructeurs à revoir leurs lignes de production et leurs stratégies commerciales.

Les conséquences de ce basculement sont importantes pour les consommateurs. L’augmentation des parts de marché des véhicules électriques va de pair avec une réduction des coûts de production grâce à des économies d’échelle, mais pourrait également entraîner une hausse des prix des véhicules à combustion interne, devenus plus rares et plus chers à produire. En revanche, les infrastructures de recharge doivent suivre ce rythme pour assurer une transition fluide vers l’électromobilité. Les efforts dans le développement des stations de recharge rapide sont donc primordiaux pour encourager les consommateurs à faire ce choix.

Les conséquences économiques et structurelles

La transition vers une majorité de véhicules électriques a des conséquences économiques et structurelles importantes pour l’industrie automobile britannique. La baisse des ventes de véhicules à combustion interne se traduit par un changement des compétences requises au sein des chaînes de production. La production de véhicules électriques nécessite une main-d’œuvre spécialisée dans les batteries et les systèmes électriques, ce qui pousse les constructeurs à investir dans la formation de leurs employés. Cela pourrait avoir un impact significatif sur l’emploi dans le secteur, avec des délocalisations potentielles de la production si les compétences locales ne sont pas adaptées.

Par ailleurs, l’évolution des modèles économiques pour les constructeurs est en cours. Le passage à des modèles de vente par agence vise à offrir plus de transparence et de contrôle sur la distribution des véhicules, mais implique une révision des partenariats avec les concessionnaires. Ces derniers voient leur rôle évoluer, passant de celui de vendeur à celui de prestataire de services. La question de la rentabilité pour les concessionnaires se pose donc, dans un contexte où les ventes de véhicules à combustion interne, traditionnellement plus lucratives, sont appelées à diminuer.

En termes d’impact pour les consommateurs, la transition à une majorité de véhicules électriques pourrait également réduire les choix disponibles et augmenter le coût moyen des véhicules. Les investissements dans les infrastructures de recharge et les incitations gouvernementales seront des facteurs déterminants pour encourager les consommateurs à choisir des modèles électriques. Pour l’industrie, il s’agit d’une période de transition complexe, qui nécessite une adaptation rapide aux nouvelles règles et un repositionnement sur le marché mondial.

Les perspectives à long terme et les défis à relever

L’avenir de l’industrie automobile britannique dépendra largement de la capacité des constructeurs à s’adapter aux nouvelles exigences écologiques et économiques. La réduction des émissions de CO2 est un enjeu majeur, et les véhicules électriques apparaissent comme la solution la plus immédiate pour atteindre cet objectif. Cependant, des défis persistent, notamment en ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement des batteries, qui dépend fortement de matières premières telles que le lithium et le cobalt. Ces ressources, souvent extraites dans des conditions controversées, sont sources de préoccupations éthiques et environnementales.

Le coût des batteries demeure élevé, même si des avancées technologiques permettent progressivement de le réduire. Le développement de nouvelles technologies, telles que les batteries à état solide, pourrait permettre de pallier certains des problèmes actuels, notamment en termes de densité énergétique et de durée de vie. En outre, le recyclage des batteries est un autre sujet de préoccupation, car il représente un coût élevé et pose des problèmes techniques.

L’industrie doit également répondre aux attentes des consommateurs, qui sont de plus en plus exigeants en termes d’autonomie et de temps de recharge. Les infrastructures de recharge rapide se développent, mais leur densité reste insuffisante pour couvrir l’ensemble des besoins, en particulier dans les zones rurales. La collaboration entre les acteurs privés et les pouvoirs publics sera essentielle pour relever ce défi et assurer une transition fluide vers l’électromobilité.

L’industrie automobile britannique fait face à une révolution qui transformera en profondeur la façon dont les véhicules sont conçus, produits et consommés. Les enjeux sont élevés, tant pour les constructeurs que pour les consommateurs, et la capacité de l’industrie à relever ces défis déterminera sa compétitivité sur le long terme.

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