Fisker en faillite

L’entreprise Fisker déclare faillite, reflet d’une crise plus large des fabricants de véhicules électriques (VE) face à la demande ralentie, aux défis économiques et à la pression concurrentielle.

Le fabricant de véhicules électriques Fisker vient de déclarer faillite, marquant un tournant difficile pour l’industrie. La société, après avoir produit son modèle Ocean en 2022, n’a pu maintenir une croissance stable, en grande partie en raison de la lente adoption des VE, des problèmes de chaîne d’approvisionnement et de la baisse de demande. Ce recul a des implications profondes pour l’avenir des VE, soulignant l’importance de nouveaux financements et d’infrastructures de recharge adaptées pour répondre aux ambitions de ventes futures aux États-Unis et en Europe.

Contexte de la faillite de Fisker

Fondée en 2016, Fisker s’était lancée avec l’ambition de concurrencer les grands noms de l’industrie en proposant un modèle basé sur l’assemblage de ses véhicules par des fournisseurs externes, comme Magna, au lieu de posséder ses propres usines. La production de l’Ocean SUV, lancée en 2022, devait atteindre 50 000 unités annuelles, mais Fisker n’a livré que 4 929 véhicules en 2023, malgré des prévisions plus élevées. Les défaillances du système de freinage signalées par les clients ont également nui à la réputation de l’entreprise, amplifiant ses difficultés économiques. À la suite de l’échec d’un financement de dernière minute, Fisker a déposé une demande de protection de faillite, exposant des actifs évalués entre 500 millions et 1 milliard USD, contre des dettes estimées entre 100 et 500 millions USD.

Fisker en faillite

Facteurs de ralentissement de la demande en véhicules électriques

La demande de véhicules électriques (VE) aux États-Unis, représentant 7,6 % des ventes de voitures en 2023, a stagné, avec une hausse de seulement 3,3 % des ventes au premier trimestre 2024. Des entreprises comme Tesla, tout en restant dominantes, ont été contraintes de baisser leurs prix pour rester compétitives, face aux marques chinoises et à la réticence des consommateurs, préoccupés par les prix et l’autonomie des véhicules. Cette pression entraîne des coupes dans les effectifs et des retards dans les projets d’usines, comme pour Rivian, qui a suspendu la construction de son usine en Géorgie. Les contraintes économiques, telles que l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, compliquent également les prêts automobiles, freinant davantage l’adoption massive des VE.

Les répercussions sur l’industrie des VE et les objectifs de production

Le cas de Fisker met en lumière les défis économiques que rencontrent les fabricants de VE. Aux États-Unis, les politiques gouvernementales visant à accroître la part des VE pour réduire les émissions de CO₂ sont confrontées à des réalités de marché difficiles. L’administration Biden vise un objectif ambitieux de 56 % de ventes de véhicules électriques d’ici 2032, mais l’infrastructure de recharge est loin d’être suffisante. Les constructeurs investissent massivement dans la recherche pour améliorer les batteries et l’autonomie des véhicules, mais la mise en œuvre reste lente. La faillite de Fisker pourrait signaler des difficultés similaires pour d’autres entreprises du secteur sans solides soutiens financiers ou solutions technologiques.

Conséquences pour les actionnaires et futurs développements

Le parcours de Fisker souligne la volatilité des actions des entreprises de VE cotées, souvent vulnérables aux chocs économiques et aux tendances du marché. En 2021, Fisker avait atteint une valorisation de 7,9 milliards USD, mais en 2024, la baisse drastique de ses actions a entraîné sa radiation de la bourse de New York. Cela révèle une tendance où seuls les fabricants dotés de ressources importantes et de marges de manœuvre financières, comme Tesla, semblent mieux positionnés pour faire face aux ralentissements. Les faillites de Fisker, Lordstown Motors, et Arrival illustrent cette tendance, suscitant des interrogations sur la pérennité des jeunes fabricants de VE et les choix stratégiques nécessaires pour les acteurs émergents dans ce secteur.

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