Volvo annule sa stratégie Full Electric à 2030
Volvo Cars revoit sa stratégie tout électrique, repoussant son objectif de 2030 face aux défis de la demande et des infrastructures de recharge.
Volvo Cars, pionnier parmi les constructeurs automobiles traditionnels dans l’engagement vers une flotte 100 % électrique d’ici 2030, a récemment ajusté cet objectif. En raison des incertitudes du marché, notamment liées aux coûts élevés des véhicules électriques et aux insuffisances des infrastructures de recharge, Volvo étend la transition vers les véhicules hybrides rechargeables. Bien que la demande pour les véhicules électriques haut de gamme reste forte, le ralentissement de la croissance des ventes d’EV dans des marchés clés comme l’Europe a conduit à une réévaluation de la stratégie de Volvo.
La révision des objectifs de Volvo : entre ambition et réalité
Volvo Cars, propriété de Geely, a été l’une des premières entreprises à s’engager publiquement à devenir 100 % électrique d’ici 2030. Cependant, en 2024, la marque suédoise a dû revoir cet engagement ambitieux en raison des défis que pose le marché actuel. Selon le PDG de Volvo, Jim Rowan, bien que la marque soit prête à adopter une flotte entièrement électrique, les infrastructures et la demande des consommateurs ne sont pas encore suffisantes pour soutenir un basculement complet d’ici la date fixée. L’infrastructure de recharge reste un obstacle majeur pour les consommateurs, notamment dans des marchés comme l’Europe et les États-Unis, où le réseau de stations de recharge est encore insuffisant pour répondre à une demande de masse.
Par ailleurs, la hausse des coûts de production des véhicules électriques pose un autre défi de taille. Actuellement, un véhicule électrique coûte en moyenne entre 20 et 30 % plus cher qu’un véhicule à moteur thermique. Cette différence de prix est en grande partie due au coût des batteries, qui représentent environ 40 % du prix total du véhicule électrique. En Europe, le retrait progressif des subventions pour l’achat de véhicules électriques a accentué cette différence de coût. Par exemple, en Allemagne, la fin des subventions EV a conduit à une baisse des ventes de 20 % entre janvier et juillet 2024.
La montée en puissance des hybrides rechargeables
Face à ces défis, Volvo a décidé de ne pas renoncer complètement à son ambition tout électrique, mais d’étendre son offre de véhicules hybrides rechargeables. Cette décision s’aligne sur une demande croissante pour ces modèles qui offrent une autonomie étendue grâce à leur moteur thermique d’appoint, tout en permettant une conduite 100 % électrique sur des distances plus courtes. Selon les analystes, la pénétration des véhicules électriques hybrides pourrait continuer à croître dans les années à venir, en particulier dans les régions où les infrastructures de recharge restent insuffisantes.
En 2024, Volvo prévoit que 90 à 100 % de ses ventes mondiales incluront des véhicules électriques et des hybrides rechargeables d’ici 2030. Ce choix stratégique permet à l’entreprise de rester compétitive sur les marchés où l’adoption totale de l’électrique est encore freinée par les infrastructures et les coûts. La demande pour les véhicules hybrides rechargeables reste particulièrement forte dans des marchés comme l’Europe, où la combinaison d’un moteur thermique et d’une batterie permet de réduire l’anxiété liée à l’autonomie tout en maintenant des émissions réduites.
L’impact des tarifs douaniers et des incitations financières
Un autre facteur influençant la stratégie de Volvo est l’impact des tarifs douaniers imposés sur les importations de véhicules électriques en provenance de Chine. En 2024, les États-Unis et l’Europe ont augmenté les tarifs sur les véhicules électriques chinois, ce qui a poussé les constructeurs à repenser leur localisation de production. Volvo, qui possède déjà des usines en Chine, Suède et Belgique, a pris des mesures pour diversifier ses sites de production. La construction d’une nouvelle usine en Slovaquie, prévue pour démarrer en 2026, s’inscrit dans cette démarche.
Les constructeurs automobiles sont également confrontés à la nécessité de produire en dehors de la Chine, où les coûts de production sont moins élevés, mais les tarifs et la politique commerciale complexifient les échanges internationaux. Cela entraîne une augmentation des coûts de production dans les usines européennes, notamment en Belgique et en Slovaquie, où les prix de la main-d’œuvre et de la logistique sont plus élevés qu’en Asie.
Pour compenser cette hausse des coûts et stimuler la demande, plusieurs constructeurs, y compris Volvo, ont commencé à proposer des incitations financières sous forme de remises ou de leasing attractif pour les consommateurs. En 2024, près de 40 % des véhicules électriques vendus en Europe ont été financés via des solutions de leasing, permettant aux consommateurs de réduire le coût initial des véhicules tout en maintenant des mensualités accessibles.
Les marges et la profitabilité des véhicules électriques
Malgré ces défis, Volvo continue de réaliser des marges significatives sur ses véhicules électriques haut de gamme. En 2024, la marge brute des véhicules électriques de Volvo a atteint 20 %, un record pour la marque. Cette performance s’explique par la demande croissante pour des modèles électriques premium, notamment sur les marchés européens et américains. Le modèle EX90, lancé récemment, est un exemple de véhicule électrique qui allie performance, autonomie et confort, attirant ainsi les clients des segments haut de gamme.
Cette rentabilité est cruciale pour la stratégie de Volvo, car elle permet à l’entreprise d’investir davantage dans le développement de nouvelles technologies, notamment dans la recherche de batteries à état solide. Ces batteries, en cours de développement, devraient offrir une autonomie et une sécurité accrues, tout en réduisant le poids des véhicules. Volvo prévoit d’intégrer ces nouvelles batteries dans ses futurs modèles électriques, une avancée qui pourrait augmenter encore davantage la profitabilité des véhicules électriques d’ici la fin de la décennie.
Conséquences pour l’industrie automobile et le futur de Volvo
En conclusion, l’ajustement de la stratégie de Volvo reflète les réalités du marché et les défis liés à la transition énergétique dans l’industrie automobile. Alors que la demande pour les véhicules 100 % électriques ralentit dans certains marchés, l’essor des hybrides rechargeables et l’importance des infrastructures de recharge imposent aux constructeurs de repenser leur calendrier et leurs investissements.
Volvo, tout en maintenant son engagement pour un futur électrique, doit naviguer dans un paysage complexe de régulations, de coûts élevés et de préférences changeantes des consommateurs. La diversification de sa production en dehors de la Chine et l’accent mis sur les modèles hybrides lui permettent de rester compétitive tout en répondant aux attentes de ses clients. Les prochains défis incluront l’amélioration de l’accès aux infrastructures de recharge et la réduction des coûts des véhicules électriques, deux éléments cruciaux pour réussir la transition vers une flotte 100 % électrique.
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