Les Américains ne veulent pas de voitures électriques

L’adoption des véhicules électriques (VE) aux États-Unis est freinée par des coûts élevés et des politiques protectionnistes. Découvrez les impacts et les perspectives.

En bref

L’adoption des véhicules électriques (VE) aux États-Unis est confrontée à des obstacles majeurs malgré les efforts du président Joe Biden pour stimuler leur usage. Les tarifs élevés sur les importations chinoises et les coûts élevés des VE freinent les acheteurs. Cet article analyse les défis économiques, politiques et technologiques liés à l’adoption des VE aux États-Unis, en mettant en lumière les implications pour le marché et l’environnement.

Analyse des défis économiques et politiques de l’adoption des ve

L’administration Biden a fixé des objectifs ambitieux pour la transition vers les véhicules électriques, visant à ce que les VE représentent 50 % des ventes de voitures neuves d’ici 2030. Cependant, la réalité du marché montre une adoption plus lente. En 2023, seulement 9,5 % des nouvelles voitures vendues étaient des VE, bien en deçà de l’objectif fixé. La principale barrière est le coût élevé des VE, exacerbée par les tarifs sur les importations en provenance de Chine.

Les tarifs douaniers imposés sur les véhicules électriques chinois et les composants de batteries visent à protéger l’industrie automobile américaine. Cependant, ces mesures ont des conséquences économiques directes pour les consommateurs américains. En imposant des tarifs de 25 % sur les batteries lithium-ion et le graphite, les coûts de fabrication des VE augmentent, ce qui se répercute sur les prix de vente au détail. Selon les données de la Center for Strategic and International Studies (CSIS), plus de 70 % des batteries de voiture importées au premier trimestre 2024 provenaient de Chine, soulignant la dépendance des États-Unis à cette chaîne d’approvisionnement.

Analyse des implications économiques

L’impact des tarifs sur les batteries et les composants est significatif. En effet, les véhicules électriques coûtent en moyenne 57 000 dollars (environ 52 000 euros), comparés aux 48 000 dollars (environ 44 000 euros) pour les véhicules à moteur thermique. Cette différence de prix est un frein majeur à l’adoption des VE par les consommateurs américains. De plus, les subventions fédérales, telles que le crédit d’impôt de 7 500 dollars pour l’achat d’un VE, ne compensent pas toujours cette différence, car elles ne s’appliquent qu’aux véhicules dont les composants sont majoritairement fabriqués aux États-Unis.

Les coûts élevés des VE ont également des répercussions sur le marché de l’occasion. Un VE d’occasion coûte en moyenne 34 000 dollars (environ 31 000 euros), contre 32 100 dollars (environ 29 000 euros) pour une voiture à moteur thermique. Cette différence persiste malgré une dépréciation rapide des VE, due en partie aux préoccupations concernant la durée de vie des batteries.

voiture électrique américaine

Analyse des infrastructures de recharge

L’un des obstacles majeurs à l’adoption des VE est le manque d’infrastructure de recharge. Aux États-Unis, il existe environ 120 000 stations-service contre seulement 64 000 bornes de recharge publiques, dont seulement 10 000 sont des chargeurs à courant continu rapide. Cela signifie que la recharge d’un VE peut prendre plusieurs heures, ce qui est impraticable pour de nombreux consommateurs. Les stations de recharge rapide peuvent recharger une batterie en 30 minutes, mais elles sont souvent en nombre insuffisant et sujettes à des pannes ou des files d’attente.

L’installation de bornes de recharge à domicile est une solution, mais elle est limitée aux propriétaires de maisons individuelles. Les résidents d’appartements, particulièrement dans des États comme la Californie où l’adoption des VE est plus élevée, dépendent des infrastructures publiques, augmentant ainsi la demande sur un réseau déjà insuffisant.

Analyse des préférences des consommateurs

Les préférences des consommateurs américains sont également un facteur clé dans l’adoption des VE. Les modèles actuellement disponibles sur le marché américain sont souvent perçus comme trop chers ou insuffisamment performants par rapport aux attentes. Par exemple, le Ford F-150 Lightning, version électrique du pick-up le plus vendu aux États-Unis, a vu son prix de départ augmenter de plus de 11 000 dollars depuis son lancement, le rendant moins accessible.

En réponse à ces défis, certains constructeurs, tels que Ford et General Motors, ont annoncé le développement de modèles plus abordables, autour de 25 000 dollars (environ 23 000 euros). Cependant, ces véhicules ne seront disponibles que dans quelques années et devront surmonter les mêmes obstacles en matière d’infrastructure et de coût des composants.

Perspectives futures et conséquences environnementales

Les politiques protectionnistes de l’administration Biden visent à renforcer l’industrie automobile américaine et à réduire la dépendance à l’égard des importations chinoises. Toutefois, ces mesures risquent de ralentir la transition vers les VE, un élément clé de la lutte contre le changement climatique. La World Resources Institute estime que pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, 75 à 95 % des véhicules de tourisme vendus d’ici 2030 doivent être électriques.

Le retard des États-Unis dans l’adoption des VE pourrait également avoir des conséquences globales. Les États-Unis, l’un des plus grands marchés automobiles du monde, jouent un rôle crucial dans la dynamique mondiale de l’industrie. Si l’adoption des VE stagne, cela pourrait ralentir les progrès technologiques et les économies d’échelle nécessaires pour rendre les VE plus abordables à l’échelle mondiale.

L’adoption des véhicules électriques aux États-Unis est freinée par une combinaison de coûts élevés, de politiques protectionnistes et d’infrastructures de recharge insuffisantes. Bien que des efforts soient déployés pour surmonter ces obstacles, le chemin vers une adoption massive des VE reste semé d’embûches. Les décisions prises aujourd’hui auront des répercussions à long terme non seulement sur l’industrie automobile américaine, mais aussi sur les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.

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